Cette question vous a été proposé par
www.universtorah.com

852. Manger de la viande et renter dans une pizzéria
Posté par le 19/12/2008 à 07:25:58
Bonjour,

Si j'ai mangé avec des amis un plat Bassari (plat carné), ai je le droit d'aller ensuite dans une Pizzeria pour du Parvé (plat neutre), ou existe t-il un problème de « Mar-ite ‘Ayine », en sachant que la Pizzeria vend essentiellement du Halavi (lacté) ?

Réponse donnée par Rav le 07/01/2009 à 19:50:52
Tout le monde sait qu’il est interdit par la Tora de consommer de la viande et du lait qui ont été cuits ensembles (1).
Nos Sages ont étendu cette interdiction même si la viande et le lait ont été mangés séparément l’un après l’autre.

Qu’en est-il si après avoir mangé de la viande (ou du poulet), on désire consommer un plat neutre (Parvé) qui aurait l’apparence du lait ? Par exemple, manger de la viande avec du lait d’amande ou des tartines de margarine (qui pourraient être prises pour du beurre).

En effet, bien qu’il n’existe là aucun interdit d’ordre Toranique ou Rabbinique d’après le sens strict de la loi, puisque l’un des deux plats est « Parvé », il n’en reste pas moins qu’il persiste un problème de Mar-ite ‘Aïne (perception visuelle).

C'est-à-dire que des personnes qui assisteraient à la consommation de ces deux éléments simultanément ou l’un après l’autre pourraient se fier aux apparences et penser qu’il s’agit d’un mélange de lait et de viande.

Nombreux sont les Décisionnaires qui pensent qu’une telle attitude est interdite, si l’on a pas par un moyen quelconque mis en évidence que l’un des deux plats est Parvé, bien qu’il ait l’apparence du lait.
Ainsi, pour consommer de la viande ou du poulet avec du lait d’amande, il faudrait poser à coté de la boisson des amandes pour signaler qu’il ne s’agit pas d’une boisson lactée (2).

Toutefois, certains ont voulu dire qu’il y avait lieu de distinguer le cas où le plat apparemment lacté, n’était consommé qu’après le plat carné (et non pas en même temps).
Dans une telle éventualité ce serait permis, car au moment où l’on prend cette boisson qui prête à confusion, on a fini de consommer la viande. Or le fait de boire un verre de lait, n’a jamais été un interdit en soi. Donc celui qui assisterait à cet acte n’a pas à le replacer dans son contexte ; c'est-à-dire qu’il se produit après avoir consommé de la viande. De ce fait, le problème de Mar-ite ‘Aïne ne se poserait pas.

Dans cet esprit, le Rav ‘Ovadia Yossèf a permis de servir dans un restaurant Bassari (de viande) du lait d’origine végétale, en fin de repas (3).

A fortiori, il n’y a aucune raison de craindre le Mar-ite ‘Aïne dans le cas que vous évoquez, où il s’agit de deux actions différentes séparées par le temps et dans deux lieus distincts.

De surcroit, il est important de faire remarquer que jusqu’à présent le problème de Mar-ite ‘Aïne n’a été soulevé que parce qu’il y avait lieu de se méprendre sur la nature d’un plat ou d’une boisson Parvé, mais qui par son apparence pourrait être considéré comme lacté.

Votre cas est différent, puisqu’il s’agit de consommer dans une pizzeria,un aliment qui ne laisse aucun doute sur sa nature, telle qu’une salade, un sorbet ou un fruit.
Votre doute découle du fait qu’une Pizzeria vend essentiellement du lacté. Même cet argument n’est pas fondé. En effet, comme vous le confirmez vous-même, on peut y trouver également de plats « Parvé », et il n’y a pas de raison que l’on puisse vous soupçonner de manger du « ‘Halavi » (lacté).

C’est ce qu’il ressort d’une réponse donnée par le Rav Moché Feinstein Zal (4), à qui il a été demandé s’il était permis d’acheter de la viande Kachèr pendant la semaine qui précède Tich’a Béav. Rappelons que la consommation de la viande est interdite pendant cette période.

Le Rav a répondu en ces termes : « puisqu’il était possible d’acheter cette viande en prévision de la consommer immédiatement après Tich’a Béav, ou pour profiter d’une promotion à ce moment là, ou même pour la consommer à l’occasion d’un repas pour une Mila (ce qui permis même pendant cette période), il n’y avait pas de problème de Mar-ite ‘Aïne et donc pas lieu d’interdire ».

Il n’y a donc aucun problème de Mar-ite ‘Aïne dans le cas que vous soulevez.

Kol Touv


1) Choul’hane ‘Aroukh Yoré Dé’a chap. 87 par. 1
2) Voir le Rama Yoré Dé’a chap. 87 par. 3 ainsi que le Chakh alinéa 6 et le Taz alinéa 4
3) Yabia’ Omère tome 6, Yoré Dé’a chap. 8
4) Igrote Moché Ora’h ‘Haïm partie 4 chap. 112 par. 3