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181. Mettre un billet au Kottel
Posté par le 20/07/2006 à 18:53:01
Monsieur le rabbin,

Un Rabbin Orthodoxe m'a dit que c'était :

1. des betises les papiers qu'on met au Kotel
2. il ne connait aucune source, et d'après lui, la source est une fausse tradition

Je suis déçu, connaissez-vous un texte écrit qui parle de cette tradition et sa valeur ?
On m'a parlé une fois du 'Hida

Merci

Réponse donnée par Rav le 02/08/2006 à 11:40:52
L’habitude de mettre des billets dans les fentes, entre les pierres du Kottel, trouve son origine dans une histoire qui concerne le Or Ha’haïm Hakaddoch (Rabbi ‘Haïm Ben ‘Attar), qui avait lui même écrit un billet pour un pauvre en lui conseillant d’aller le déposer au Kottel. Voir plus loin cette histoire étonnante. (1)

Il existe une autre version de cette histoire, selon laquelle le Or Ha’haïm aurait transmis ce billet au ‘Hida en personne, avec pour instruction de le déposer au Kottel. Ce qui fut fait comme en témoigne le ‘Hida lui même. (2)

Il faut ici attirer l’attention sur le fait qu’introduire un billet dans les interstices du Kottel n’est pas sans poser problème.

a) Ainsi, il est interdit de retirer des pierres du « Kottel Hama’aravi », de même de l’effriter et d’en retirer la poussière. (3)
Il faudra donc faire attention, si l’on introduit un billet, de veiller à ne pas l’effriter.
b) D’autre part, certains interdisent d’introduire la main dans l’épaisseur du Mur. (4) Toutefois la majorité des décisionnaires le permettent et tel est le Minhag. (5)

Nous avons donc, ici un Minhag, qui bien qu’il se soit répandu, ne trouve son origine ni dans la Guémara, le Choul’hane ‘Aroukh ou ses commentateurs, ni même dans le Zohar.
Par contre, il nécessite une certaine connaissance de la Halakha (que tout le monde n’a pas), afin de ne pas enfreindre un interdit.
C’est sans doute ainsi qu’il faut interpréter la réponse du Rabbin que vous citez.

Kol Touv


1) Ce fait est rapporté par le livre Ta’amé Hamihagim page 270 au nom de l’Admour de Mounkatch qui le tient de ses ancêtres.
Il arriva qu'un des proches de la famille du Or Ha’haïm perdit tous ses biens.
Il ne réussissait en rien et tout ce qu’il touchait se soldait par des pertes. La pauvreté et la misère semblaient le poursuivre.
Il décida donc de s'adresser à Rabbi 'Haïm. C'est le coeur brisé qu'il pénétra chez le Tsaddik pour lui confier son désespoir dans un torrent de larmes. Il le supplia d'intercéder en sa faveur auprès du Maître du monde.
Rabbi 'Haïm s'apitoya sur le sort de ce malheureux et ses larmes touchèrent son coeur compatissant. Il prit un morceau de papier, y écrivit quelques lignes puis l'enroula de manière à ce qu'il ne puisse pas s'ouvrir. Il le remit à l'homme en lui disant: «Va au Kottel Hama’aravi avec ce billet dans ta main et introduis dans une des fentes, entre les pierres, puis retourne chez toi et l'Éternel viendra à ton secours.»
Le pauvre quitta Rabbi 'Haïm le coeur plein d’allégresse. Il se dépêcha d'obéir, serrant fortement le précieux billet dans sa main droite.
Quant tout à coup, un vent se mit à souffler si fort qu'il réussit à lui arracher son chapeau. Bien qu'affligé par la perte de son seul chapeau, il ne courut pas pour le ramasser. Il ne pensait qu’à déposer au plus vite le billet entre les pierres du Kottel.
Mais le vent ne se calmait pas et soufflait de plus belle. Pour que sa « Kippa » ne s'envole pas, l'homme la plaquait sur sa tête tout en continuant de tenir le billet dans l'autre main.
Mais une violente rafale projeta également sa calotte au loin et, pour ne pas rester la tête découverte, il courut à sa poursuite. Dans sa course, le billet lui échappa, s'envola en tourbillonnant à la vitesse de l'éclair et disparut de sa vue.
Le malheureux, le coeur brisé, retourna chez le Or Ha’haïm lui raconter sa mésaventure.
Le Tsaddik lui dit avec regret: «Que puis-je faire pour toi si le Ciel ne désire pas t'aider?»
Peu de temps après, dans une des ruelles de Jérusalem on trouva le billet froissé qui portait le nom de Rabbi 'Haïm. On l'ouvrit et on put lire:
«A la Chékhina (la Gloire Divine), si l'on peut s'exprimer ainsi: ma soeur, ma bien-aimée, ma compagne sans défaut, je te prie de prendre en pitié untel fils d'untel et de lui procurer une bonne source de revenus. 'Haïm Benatar.»
Les lecteurs furent ébahis devant la sainteté supérieure du Or Ha’haïm qui pouvait s'adresser à l'Eternel en termes si affectueux empruntés du «Cantique des cantiques».
Ils se dépêchèrent de rendre le billet à Rabbi 'Haïm.

2) Rapporté dans le livre « Pdé Ét Avraham » du Rav Avraham Paladji (page 66 colonne 4).
3) Voir Touré Zahav Ora’h ‘Haïm chap.151 ; Choute Har Tsvi Yoré Dé’a page 281 ; Yalkoute Yossèf Diné Har Habaïte.
4) Voir Michkénote léabir Ya’akov Tome 2
5) Choute Avné Nézèr Yoré Dé’a Chap 450/451/452 ; Har hakodèch Panim Méïrote au nom du Rav Chlomo Zalman Auerbach ; Yalkoute Yossèf au nom du Avné Nézèr.