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    Mardi 19 Mars 2024, Yom Chelichi

813. Ajouter de l’eau dans la «Daf» du Chabbate
Posté par DC le 17/10/2008 à 00:50:02
Bonjour Kvod Ha Rav,

Merci beaucoup pour le travail que vous faîtes !
Lorsque la Dafina sèche, est il possible de rajouter de l'eau déjà chaude provenant d’un « Boïler » c'est-à-dire d’une bouilloire électrique ? Est ce qu'il y a un problème de Kéli Richone (ustensile qui est sur le feu), lorsque l'eau est en contact de l’air ?

Merci pour vos éclaircissements!

Réponse donnée par Rav Emmanuel Boukobza le 16/11/2008 à 21:21:56
Il semble nécessaire d'élargir quelque peu la question et de nous demander s'il est possible d'ajouter de l'eau d'une manière ou d'une autre à la Dafina (plat principal du Chabbate) lorsque celle-ci se trouve sur le feu.

Pour tous les Décisionnaires sans exception, ceci est formellement interdit si l'eau en question n'a pas déjà cuit au préalable. En effet, on transgresserait alors, 'Hass Véchalom, en la versant dans la marmite qui est sur le feu, l'interdiction de cuire (Mévachèl).
Par contre, si l'eau a déjà cuit, il existe une possibilité de la verser dans la marmite de la Dafina. Mais il y a à ce sujet une divergence d'opinion notable.

Pour les Séfaradim, si l'eau est au moins à la température de Yad Solédète Bo (au minimum à 45°C), il est permis, selon certains décisionnaires (1), de l'ajouter à la Dafina.
En effet, au dessus de cette température, on considère qu’un liquide qui a déjà cuit ne subira pas de nouvelle cuisson (2)

Pour les Achkénazim (3), il n'est pas nécessaire que l'eau atteigne cette température. Même si l'eau a tiédi, dans la mesure où elle n'a pas totalement refroidi, il est permis de la verser sur la Dafina. Les Décisionnaires précisent qu’un plat liquide ou une boisson seront considérés comme n’ayant pas refroidi complètement tant qu’ils pourront encore être qualifiés de chaud dans le langage courant (bien qu’ils soient nettement en dessous de 45 degrés) (4)

On ne pourra verser de l'eau dans la Dafina que dans la mesure où celle-ci repose sur un feu recouvert (5). Ceci peut se traduire de deux manières : si l'on dispose d'une gazinière, on peut laisser les feux allumés tout le Chabbate et poser par-dessus, avant Chabbate, une plaque métallique. La seconde possibilité est de disposer d'une plaque électrique utilisée uniquement le Chabbate et qu'on dénomme "Plata de Chabbate".

Pour le Rav Moché Feinstein (6), il n'est possible de rajouter de l'eau dans la dafina qu'en retirant la marmite du feu au moment où l'on y verse l'eau, pour la remettre ensuite en ayant pris soin de ne pas l'avoir lâchée entre temps.
Voir à propos de ce dernier point, la question 794 « Remettre un plat en sauce sur le feu Chabbate ».

Cependant, le Rav ‘Ovadia Yossèf Chalita (7) suivant l’avis du Choul’hane Aroukh (8), interdit de verser sur la dafina même de l'eau qui aurait cuit et qui serait à la température de Yad Solédète Bo.
Il tient compte de l'opinion de Rabbénou Yona selon laquelle, le jet versé du premier ustensile qui se trouve sur le feu (‘Irouye Kéli Richone), obtient immédiatement le statut équivalent à celui du deuxième ustensile qui ne se trouve pas sur le feu (Kéli Chéni) et qui n'a pas la capacité de cuire les autres aliments. En effet, l'eau provenant du "Kéli Richone" (l'ustensile sur le feu) arrête immédiatement de bouillir. Par conséquent, elle ne peut plus cuire d'autres aliments, et devient elle-même sujette à cuisson. De ce fait, ce jet d'eau, une fois dans la Dafina, cuira, et entraînera, 'Has véchalom, une transgression de la Tora.

Il faut noter par ailleurs, que si le Choul’hane Aroukh interdit ce genre de pratique, c’est qu’il craint essentiellement, que l’un des deux éléments qui vont se mélanger (l’eau et le plat qui se dessèche), soit à la température de Yad Solédèt Bo (donc au dessus de 45 degrés) et l’autre au dessous ce qui entraînera la cuisson de l’un d’entre eux (9).

Il est donc important, si l’on suit l’avis de ceux qui permettent de verser de l’eau, de veiller à ce que l’eau et le plat soient posés sur la même source de chaleur (même Plata, par exemple), ou au moins équivalente.
Or il semble que vous utilisez un Boïler électrique, alors que le plat lui-même se trouve ailleurs. Ceci est problématique car il se pourrait que l’eau soit très chaude alors que la Dafina soit tiède et en dessous de 45 degrés.


Les Achkénazim, pourront se conformer à l’avis du Rama et verser de l'eau dans un plat qui se dessèche à condition que l’eau ait été cuite au préalable et qu’elle ne soit pas entièrement refroidie (10).

Pour les Séfaradim, face à la divergence d'opinion, on tiendra compte du Minhag en vigueur dans sa famille ou sa communauté. Si nos ancêtres avaient pour Minhag de permettre de verser de l'eau cuite et chaude sur le plat du Chabbate, il sera permis de le faire en respectant strictement les conditions mentionnées plus haut.

Si nous n'avons pas de Minhag, il est bon de s'en tenir à l'opinion la plus stricte et de s'abstenir de verser de l'eau même déjà cuite et chaude.

Dans ce dernier cas de figure, on pourra adopter l'une des deux conduites suivantes :
- Dans le cas où la Dafina risque de brûler, on pourra glisser sous la marmite un autre récipient destiné à diminuer l'intensité de la cuisson, tel que le suggère le Choul’hane ‘Aroukh lui-même (11).
- On pourra également, avant Chabbate, placer à l'intérieur de la marmite un sac de cuisson rempli d'eau, à percer en cas de besoin ().

Kol Touv


1) Pir'hé Kéhouna chap. 33 ; Tévouote Chamèch, Ora'h 'Haïm chap. 26 ; Mikvé Hamaïm tome 3, chap. 42) ; Maïm 'Haïm chap. 152
2) Selon le principe « Éne Bichoul A’har Bichoul ». Voir Choul’hane Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 318 par. 4
3) Rama chap. 318, par. 15
4) Or’hote Chabbate chap. 1 par. 20
5) Voir ‘Hazone Ich chap. 37, alinéa 10
6) Igrote Moché tome 4, chap. 74
7) Yé'havé Da’ate tome 2, chap. 22
8) Ora’h ‘Haïm chap. 253 par. 4
9) Michna Béroura chap.253 alinéa 82
10) voir Or’hote Chabbate chap. 2 par. 71
11) Ora’h ‘Haïm chap. 253 par. 3
12) Ménou’ha Chéléma chap. 253 par. 4 page 84
 
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