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    Jeudi 28 Mars 2024, Yom 'Hamichi

786. Le Minhag des Kapparote
Posté par denis81 le 11/09/2016 à 23:04:39
Chalom,
Au sujet des Kapparotes des poulets à Kippour, il est mentionné dans le Choul’hane ‘Aroukh qu'il y a lieu d'empêcher cette coutume.
Pourquoi donc les Séfaradim continuent d’appliquer une coutume Achkénaze que le Mé’habèr (l’auteur du Choul’hane ‘Aroukh) prohibe explicitement ?

Existe t-il des exceptions concernant l'attitude des Séfaradim envers un Psak (décision) du Choul’hane ‘Aroukh ?

J’ai une autre question un peu moins Hilkhatique : Il est précisé que les Kapparotes de Tsédaka ou de Poulet, seront retransmises finalement entre les mains des pauvres.
N'est ce pas absurde de donner un élément symboliquement rempli de « fautes » à autrui ?
En quoi cela est considéré comme du ‘Héssèd de faire ce genre de cadeau « empoisonné » ?

Finalement, entre l'avertissement du Mé’haber, et la finalité (au pauvre) des Kapparotes, je suis sur un léger conflit : continuer ou arrêter ce Minhag ?
Merci de m'aiguiller!

Réponse donnée par Rav Aharon Bieler le 21/09/2016 à 23:04:39
Rappelons avant toute chose que le Minhag des kapparote est, comme son nom l’indique un moyen d’expiation de nos fautes par le biais de l’abattage de poulets.
Le principe est le même que celui du Korbane ‘Hatate (sacrifice que l’on emmenait à l’époque du temple pour une faute faite non intentionnellement).
Ainsi, pour les Kapparote, on doit penser que tout ce qui arrive à ce coq (ou cette poule) aurait dû nous arriver à cause de nos fautes, et grâce à notre repentir (Téchouva), Hachèm a éloigné de nous le décret potentiel (1).
C’est pourquoi, celui qui suit ce Minhag, déclare : « Zé ‘Halifati, Zé Témourati, Zé Kapparati ». Ce qui signifie : « Cela (le poulet) vient à ma place, cela vient en échange, cela est mon expiation ».

Il est exact que le Choul’hane ‘Aroukh indique clairement de ne pas perpétuer le Minhag des Kapparote (2) car cela ressemble aux coutumes des idolâtres (3).

A l’inverse, le Rama (Décisionnaire suivi par les communautés Achkénaze) se déclare favorable à la poursuite de ce Minhag ancestral qui était déjà mentionné par les Guéonim (qui ont succédé aux rédacteurs de la Guémara).

On pourrait donc penser, comme vous le faites, que seuls les Achkénazim ont gardé la coutume des Kapparote. Il n’en est rien !
Le Minhag des Kapparote est parfaitement suivi dans les communautés Séfarade qu’elles soient originaires d’Irak ou d’Afrique du nord, ainsi qu’en témoignent à l’unissons tous les Décisionnaires Séfaradim (4).

Le Kaf Ha‘haïm (5) rapporte d’ailleurs l’avis du Ari Zal (6) selon lequel il est très important de perpétuer ce Minhag en prenant un coq blanc pour chacun des membres masculins de la famille et une poule blanche pour chacune des femmes ou des filles de la famille.

En ce qui concerne la deuxième partie de votre question, il faut comprendre, comme nous l’avons déjà expliqué que les poulets en question ne sont aucunement chargés de fautes. Ils viennent simplement nous rappeler le destin que nous aurions pu avoir si Hachèm n’avait pas, suite à notre repentir, levé le décret que nous méritions. Ils viennent donc simplement nous aider à faire Téchouva.

La meilleure preuve en est, que le Minhag répandu en Afrique du nord, était de consommer ces poulets dans la famille même de celui qui avait fait les Kapparote au moment de la Sé’oudate Mafssékèt ( le dernier repas avant le jeûne de Kippour) (7).

Le Rama nous fait part que l’habitude était de distribuer, après l’abattage, ces poulets ou leur valeur à des nécessiteux. Ceci afin de réaliser la Mitsva de Tsédaka qui a le pouvoir d’effacer nos fautes ainsi que nous l’explique le Michna Béroura (8).

Il n’en reste pas moins que vous avez raison d’objecter que le pauvre qui reçoit le poulet de quelqu’un, pourrait se sentir mal à l’aise en pensant, à tort, recevoir par la même occasion les fautes les fautes de celui-ci.
C’est pourquoi il est reste préférable, après avoir réalisé le Minhag avec des poulets de les garder et de donner leur valeur à des nécessiteux. Toutefois, si on a affaire à quelqu’un qui n’en éprouvera pas de gêne, il se pourrait que donner le poulet lui-même soit plus approprié, car immédiatement consommable (du moins à l’époque ou l’on n’avait pas à disposition des produit congelés déjà Kachérisés) (9).

Ajoutons enfin que de nos jours, certains ont l’habitude de réaliser les Kapparote directement avec de l’argent, qu’ils donneront ensuite à des pauvres.

Le Minhag dans toutes les communautés, qu’elles soient Séfarade ou Achkénaze est de faire les Kapparote, soit avec des poulets, soit directement avec de l'argent que l'on distribuera aux pauvres.

Sachez enfin, que ne sont pas rares les décisions du Choul’hane ‘Aroukh qui n’ont pas été suivies par les communautés Séfarade, mais le temps nous manque pour rentrer dans les détails.


Le Minhag dans toutes les communautés, qu’elles soient Séfarade ou Achkénaze, est de faire les Kapparote, soit avec des poulets, soit directement avec de l'argent que l'on distribuera aux pauvres.

Kol Touv


1) Voir Michna Béroura chap. 605 alinéa 2
2) Ora’h ‘Haïm chap. 605 par. 1
3) Le Bèt Yossèf lui-même, rapporté par le Michna Béroura chap. 605 alinéa 1
4) Kitsour Choul’hane ‘Aroukh du Rav Baroukh Tolédano page 300 ; Séfèr Nahagou Ha’am à propos de ce Minhag par. 21 ; Choute Chéméch Oumaguèn du Rav Chalom Messas tome 1 chap. 15 ; Kaf Ha‘haïm chap. 605 alinéa 8
5) Chapitre 605 alinéa 5
6) Rapporté dans le Cha’ar Hakavanote recto de la page 100
7) Voir le Séfèr Maguèn Avote chap. 605
8) Chapitre 605 alinéa 5
9) Voir Michna Béroura chap. 605 alinéa 5
 

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