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    Mardi 19 Mars 2024, Yom Chelichi

75. Manger avant la prière du matin
Posté par Armand le 02/04/2006 à 11:09:57
Manger avant la téfila pour la concentration

Bonjour Rav,

1)Est il posible de manger du mézonot ,avant ma téfila du chabat matin,si ma concentration est meilleur? Deplus,je ne compte pas faire de festin(un volume supérieur à kazait quand même),je réciterais les brah'ots du matins et le chema avant de manger.

2)Le choulh'an harour autorise le thé,le café et l'eau,qu'en est il des fruits et du jus de fruits?

3)L'interdit (inspiré du verset "vous ne mangerez rien sur votre sang"=levitique 19,26) est d'origine biblique selon Maimonide? Pourquoi certains pensent que l'interdit est d'origine rabinique alors que la souce est dans la Torah?

Merci de votre aide

Réponse donnée par Rav Aharon Bieler le 11/02/2013 à 09:41:20
Le Choulh’ane ‘Aroukh interdit de manger ou de boire quoi que ce soit, excepté de l’eau, avant la prière du matin.(1)
Cette interdiction a été déduite par nos sages du verset suivant : «Vous ne mangerez pas sur le sang».

A priori, le sens simple de ce verset est différent (2).
L’objet de l’interdiction de ce verset résulte, d'après le Ramban (Na’hmanide), du contexte qui a pour objectif de mettre en garde contre l'incitation aux moeurs païennes.
Or, prendre un repas près du sang fait également partie de ces moeurs, comme le Rambam (Maïmonide) l'indique : «On égorgeait un animal, on recueillait le sang dans un vase ou dans une fosse et on mangeait la chair de cet animal auprès du sang ; on s'imaginait, en faisant cela, que les démons mangeaient ce sang, qui était leur nourriture, pendant qu'eux-mêmes ils mangeaient la chair, et que, par là, la fraternisation pouvait être obtenue, puisqu'ils mangeaient tous à la même table et dans la même réunion. Selon leur opinion, les démons devaient alors leur apparaître dans un songe, leur faire connaître les choses cachées et leur rendre service.

C'étaient là des opinions suivies dans ces temps, acceptées avec empressement et généralement répandues, et dont la vérité était hors de doute aux yeux du vulgaire» (Guide 111,46). (Extrait de « La voix de la Tora »)

Toutefois, nos Sages ont déduit de ce verset six lois différentes qui s’éloignent du sens simple. Cinq dans le traité de « Sanhédrine » (63a) et une (en l’occurrence l’interdiction de manger avant la prière), dans celui de « Bérakhote » (10b).

Bien que d’après le Rambane, le Séfèr Ha’hioukh (Mitsva 248) et le Rambam (Séfèr Hamitsvote 9), ces conclusions sont des commandements de la Tora, d’après Rachi et la majorité des décisionnaires, ces déductions ne sont que des « Asmakhetote » ( appuis) ;
Cela signifie que nos sages, pour instituer une loi, se sont appuyés sur un verset dont le sens simple était différent (ou du moins pas explicite dans la Tora), car ils y ont vu une allusion concernant un sujet donné.(3)

Nos sages ont donc commenté le verset : « Vous ne mangerez pas sur le sang » en expliquant « Vous ne mangerez pas avant de prier pour votre sang (pour vous) ».

Par ailleurs, ils ont commenté un autre verset (premier livre des rois 14, 9 ) : « Et moi (D.) , tu m’a repoussé après toi », en disant ne lis pas « après toi », mais « par ton orgueil » (les deux mots sont très proches en hébreu). Ce verset est commenté par D. lui même : « après qu’il se soit enorgueilli en mangeant et buvant, il vient accepter sur lui le joug de la royauté divine ».(4)

Il apparaît donc que la raison de l’interdiction, est que le fait de manger ou de boire, fait naître en nous un orgueil qui n’est pas compatible avec le fait d’accepter le joug divin lors de notre prière. C’est la raison pour laquelle, il est permit de boire de l’eau, celle ci n’étant pas source d’orgueil.
De la même manière , le café et le thé qui sont assimilés à de l’eau sont permis. La majorité des décisionnaires les permettent avec du sucre (5).
Cela est aussi permis le Chabbate (6).

Certains décisionnaires (mais ce n’est pas l’avis de tout le monde), permettent même d’y verser un peu de lait (le lait, seul, est interdit). Pour un homme faible, il y a lieu de permettre, à condition d’avoir, au préalable, dit les bérakhote du matin, les bérakhote de la Tora, la paracha de la « ‘Akéda » et un peu des « Korbanote ».(7)
Le Michena Béroura recommande la lecture du « Chéma’ Israël » (Il faudra alors veiller à porter les Téfiline au moment de sa récitation).

Il apparaît donc qu’il est interdit d’ingérer quoi que ce soit d’autre avant la prière du matin. A noter que le Zohar est très sévère à ce sujet. (voir question 12) Pour y accéder cliquez ici

Toutefois le Choul'hane ‘Aroukh permet de manger dans deux cas bien précis où le fait de manger n’est pas un signe d’orgueil , mais répond à un besoin certain.(8):
a) Pour une personne malade (même seulement légèrement malade)
b) Pour une personne qui aurait soif ou faim, au point que cela l’empêche de se concentrer pendant la prière, car dans ce cas, elle est considérée comme une personne malade (mais non pas par simple confort).

Il est alors permis de manger des gâteaux ou autre chose ,si cela est nécessaire.
Quand à la quantité elle n’est pas précisée. Elle doit être suffisante (sans exagération) pour retrouver la concentration nécessaire à la prière.

A noter, à titre indicatif, que, en ce qui concerne Kippour, nos sages déterminent que la quantité de nourriture qui permet de recouvrer ses esprits, équivaut au volume d’une « Kotévèt » (figue), soit deux tiers de «bétsa» (environ 40gr), qui se situe entre un « Kazaït » (29gr) et un « Kabétsa » (58gr) (9).

Kol Touv


1) Ora’h ‘Haïm chap. 89 par. 3.
2) Voir Tora Témima sur ce verset.
3) Rachi Traité ‘Houline (121b) ; voir aussi Michna Béroura chap. 89 alinea 21.
4) Guémara Bérakhote (10b).
5) Yabi’a Omèr Tome 4, chap. 11 note 9 ; voir toutefois Michena Béroura Chap.86 alinéa 22.
6) Choulh’ane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 89 par. 3 ; Michena Béroura Chap.86 alinéa 23.
7) Yabi’a Omèr Tome 4, chap. 11 note 13.
8) Choulh’ane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 89 par. 3 et 4.
9) Guémara Yoma (80b)
 
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