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    Vendredi 29 Mars 2024, Yom Chichi

739. Quand on va aux toilettes avant de consommer du pain
Posté par patrick le 01/07/2008 à 22:45:47
Bonsoir Rav,
Après être aller aux toilettes juste avant d'aller manger, devons nous faire « Acher Yatsar » (la bénédiction de celui qui sort des toilettes) puis « Nétilate Yadayim » (ablution des mains) enchaîné ?
Merci par avance de votre réponse

Réponse donnée par Rav Aharon Bieler le 07/08/2008 à 00:06:43
La situation que vous évoquer et qui est très fréquente, a été largement traitée par les Décisionnaires. Cette situation présentant un certain nombre de problèmes Halakhique, les solutions proposées afin de les résoudre sont multiples.
Le Choul’hane ‘Aroukh propose lui-même deux solutions qui sont reprises par les décisionnaires avec parfois des variantes (1)
Avant d’en rapporter les principales, il convient d’énoncer auparavant, quelques principes fondamentaux.

a) Le lavage des mains en sortant des toilettes ne nécessite pas d’après le sens strict de la loi l’emploi d’un ustensile. Il suffit pour cela d’utiliser l’eau courante d’un robinet, de préférence en répétant l’opération 3 fois de suite (2).

b) L’ablution des mains (Nétilate Yadaïm) qui précède la consommation de pain, est quant à elle assujettie à 2 conditions :

- « Koa’h Gavra », c'est-à-dire que le versement de l’eau sur les mains doit être fait par la force de l’homme en utilisant pour cela un récipient. On ne pourra pas se contenter de les laver uniquement en les présentant sous un courant d’eau (par exemple en les mettant sous le robinet). Voir la question 483 « Nétilate Yadaïm à partir d’un robinet »

- On doit avoir à l’esprit au moment de l’ablution, que celle ci est faite dans le but de consommer du pain.

Ceci dit, la première solution rapportée par le Michna Béroura (3), consiste à se laver une première fois les mains sous le robinet sans utiliser d’ustensiles. Ceci par souci de propreté et pour enlever le Roua’h ‘Ara (l’esprit impur) qui règne dans les toilettes.

Après s’être séché les mains, on fera la bénédiction « Achèr Yatsar » qui s’impose chaque fois que l’on a été faire ses besoins.

Cette façon de se laver les mains n’est pas valable pour permettre la consommation de pain, comme nous l’avons mentionné plus haut. C’est pourquoi, il sera nécessaire de procéder immédiatement après à une nouvelle ablution des mains pour le repas en utilisant cette fois ci, comme il se doit un ustensile adéquat. On fera alors la bénédiction « ‘Al Nétilate Yadaïm » comme à l’habitude.

C’est d’ailleurs le fait que le premier lavage (pour les toilettes) soit impropre à la consommation de pain qui nous permet de lui faire succéder une autre ablution accompagnée de la bénédiction « ‘Al Nétilate Yadaïm ».
En effet, si ce premier lavage avait été effectué à l’aide d’un ustensile, il aurait totalement enlevé l’impureté des mains et rendu, par la même occasion, la seconde ablution superflue. Il aurait alors été impossible de dire la bénédiction « ‘Al Nétilate Yadaïm » (4)

La seconde solution préconisée par certains (5), consiste à ne se laver les mains qu’une seule fois.
Il faudra dans ce cas penser que cette ablution est valable aussi bien pour la Sé’ouda que pour enlever l’esprit d’impureté qui règne aux toilettes (Kaf Ha’haïm chap. 165 alinéa 1) et utiliser absolument un récipient adéquat (Koa’h Gavra).

D’après la majorité des Décisionnaires (6), on devra procéder ainsi : se laver les mains, faire la bénédiction « ‘Al Nétilate Yadaïm » et se sécher les mains. On dira ensuite immédiatement la bénédiction « Achèr Yatsar » ensuite on fera la bénédiction « Hamotsi » avant de consommer le pain (7).

Procéder ainsi sera possible bien que cela oblige à parler entre la « Nétilate Yadaïm et le « Motsi » (Bénédiction sur le pain). En effet, on ne considère pas que la bénédiction « Achèr Yatsar » constitue une interruption entre la « Nétilate Yadaïm » et la bénédiction du Motsi car elle fait partie du processus général de purification des mains (8).
Par ailleurs, bien que le Choul’hane ‘Aroukh (9), rapporte l’avis de ceux qui imposent de se taire entre la « Nétilate Yadaïm et le « Motsi », et conclue que c’est ainsi qu’il convient de faire, on peut dans notre cas, tenir compte de l’avis de certains Décisionnaires tels que le Rambam et le Rif, selon lesquels il serait permis de parler à ce moment. Voir à ce propos la question 539 « Parler entre "Nétilate Yadaïm" et la consommation du pain ».

Notons malgré tout, que pour ceux qui sont certains de ne pas oublier, il semble préférable de reporter la bénédiction « Achèr Yatsar » après le « Motsi ». (10). Dans ce cas toutefois, il faudra faire cette bénédiction immédiatement après avoir consommé un Kazaïte de pain, que l’on mangera seul sans l’accompagner avec d’autres aliments, afin de ne pas se laisser entrainer à poursuivre le repas et risquer d’oublier de la faire (11).

Kol Touv


1) Ora’h ‘Haïm chap. 165 par. 1
2) Ora’h ‘Haïm chap. 4 par. 18
3) Chap. 165 alinéa 2 au nom du Maguèn Avraham et de nombreux A’haronim
4) Notons toutefois l’avis du Bèn Ich ‘Haï qui consisterait à se laver les mains une première fois en sortant des toilettes, faire la bénédiction « Achèr Yatsar », puis toucher un endroit sale (Toucher ses chaussures ou se gratter la tête par exemple) afin de les impurifier à nouveau. On pourra alors faire une nouvelle ablution, comme il convient avant la Sé’ouda. Cet avis est controversé car certains considèrent en effet que cette manière de procéder induit une « Bérakha Chééna Tsrikha » c'est-à-dire une bénédiction qui n’avait pas eu lieu d’être. Tel est, entre autre, l’avis du Yalkoute Yossèf.
5) Kaf Ha’haïm chap. 165 alinéa 1 et 2 ; Yalkoute Yossèf tome chap. 165 par. 1
6) Comme le souligne le Michna Béroura dans sa conclusion chap. 165 alinéa 2. C’est aussi l’avis du Yalkoute Yossèf tome chap. 165 par. 1 ; voir également le Téchouvote Véhanehagote tome 1 chap. 168 qui rapporte qu’ainsi se comporter le ‘Hafèts ‘Haïm ; voir le livre Dinim Véhanehagote chap. 6 par. 8 qui dit de même à propos du ‘Hazone Ich et le Séfèr Or’hote Rabbénou tome 1 page 78 qui témoigne qu’ainsi se comportait le Rav Ya’akov Kanievsky Zal. Voir enfin le ‘Aroukh Hachoul’hane chap. 165 par. 2 qui conseille cette solution.
7) Voir toutefois le Kaf Ha’haïm chap. 165 alinéa 1 et 2 qui conseille dans ce cas, de faire la bénédiction Achèr Yatsar après s’être frotter les mains alors qu’elles sont encore mouillées suivi immédiatement de « ‘Al Nétilate Yadaïm » puis du séchage
8) Voir Piské Téchouvote chap. 165 par. 1
9) Ora’h ‘Haïm chap. 166 par. 1
10) Yalkoute Yossèf tome chap. 165 par. 1 et c’est ce qui ressort également du Kaf Ha’haïm chap. 165 alinéa 2
11) Kaf Ha’haïm chap. 165 alinéa 2
 
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