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    Jeudi 28 Mars 2024, Yom 'Hamichi

738. La première coupe de cheveux
Posté par patrick le 12/09/2008 à 01:47:29
Bonsoir Rav,
il est courant de nos jours d'assister a des "coupes de cheveux". Sur quoi se fonde cette tradition et concerne t-elle tout le monde ?
Merci pour vos réponses

Réponse donnée par Rav Aharon Bieler le 18/04/2013 à 15:21:00
C’est un Minhag Kaddoch (sainte coutume) de faire la première coupe de cheveux d’un garçon le jour anniversaire de ses 3 ans.
On prendra alors soin de lui laisser les « Péote » de la tête afin de l’éduquer au commandement de la Tora : « To Takifou Péate Rachékhèm » (vous ne couperez pas les coins de la chevelure de la tête) (1).
Cette première coupe de cheveux est souvent appelée « ‘Halaké » dans le langage populaire.

Les commentateurs (2) rapportent que ce Minhag est suivi par des gens de grande piété et dont les actes sont estimables qui s’appliquent à repousser la première coupe de cheveux de leurs enfants jusqu’à l’âge de 3 ans.

Ils s’appuient pour cela entre autre, sur un Midrach (3) qui commente le verset suivant de la Tora (4) :
« Quand vous rentrerez en Érèts Israël et que vous planterez un arbre fruitier, vous en considérerez le fruit comme une excroissance trois années durant, il sera pour vous autant d’excroissances (‘Arélim), vous n’en consommerez pas » (5). « Dans la quatrième, tout son fruit sera consacré à des réjouissances en l’honneur de l’Éternel».

Rapportons ici le commentaire du Rabbin Munk à propos de ce verset :
« Le Targoum Yonatane traduit : vous retrancherez, c'est-à-dire vous élaguerez les fruits des trois premières années. On élaguera les bourgeons en vue de fortifier l'arbre pour sa productivité ultérieure.
Pour les auteurs Kabbalistes le terme « ‘Orla » (qui a la même racine que le mot « ‘Arélim » du verset, qui a été traduit par excroissance), est synonyme de « Toum-a » (forces d'impureté), comme il a été noté dans Béréchite (6) à l'occasion du commandement de la circoncision.

La comparaison de l'arbre avec l'homme, que la Tora qualifie « d’arbre des champs » (7), suggère que l'arbre possède, à l'instar de l'homme (le prépuce), une zone d'impureté qualifiée d'excroissance qui doit être élaguée afin de lui permettre de s'épanouir sans entrave.
Car de même que l'âme humaine est en proie aux forces impures du mal (Yétsèr Hara’), durant les premières années de la vie et avant de parvenir à la maturité de l'esprit, comme il a été exposé dans Béréchite (8), ainsi l'arbre est sujet, au début de son existence, à certaines conditions naturelles qui affaiblissent la qualité de ses produits et ce, jusqu'au seuil de la quatrième année ».

Or nos Sages nous enseignent, que c’est à l’âge de 3 ans que l’esprit commence à s’ouvrir à la compréhension et à la connaissance du monde comme nous l’apprenons d’Avraham Avinou qui prit conscience de son créateur à l’âge de 3 ans. C’est d’ailleurs pourquoi c’est à cet âge que l’on commence à lui enseigner les lettres de l’alphabet hébraïque (9).
Il est d’autre part mentionné dans les livres saints, que les cheveux représentent l’impureté (Toum-a) et certaines forces nuisibles (Klipote) qui sont un obstacle à la compréhension de l’esprit.
Voir à ce propos le Pélé Yo’èts (10), qui enseigne que lorsqu’on se coupe les cheveux, on doit prendre soin de secouer immédiatement nos habits pour en ôter les cheveux, dès qu’ils tombent afin d’enlever de nous ces éléments d’impureté.


Ce verset est donc bien une allusion à l’enfant, comparé à « l’arbre des champs ». Jusqu’à l’âge de 3 ans, l’enfant n’est pas encore doué d’une bonne élocution et ce n’est qu’à partir de 4 ans (donc depuis le jour de son anniversaire) qu’il acquerra une maturité lui permettant de s’initier aux Mitsvote et au service divin. C’est ce qui est sous- entendu dans le verset lorsque la Tora nous dit « qu’avant la quatrième année vous n’en mangerait pas », ce qui signifie que ce n’est qu’à ce moment que l’arbre produira des fruits aptes à être consommés.

Il en est de même pour les cheveux qui, selon la tradition juive, sont un élément de « Toum-a » (impureté) et sont considérés comme une « Klipa » (forces négatives) faisant obstacle à l’épanouissement de l’enfant.
C’est pourquoi le fait de couper les cheveux à l’âge de 3 ans, permet à l’enfant de s’épanouir précisément au moment où il accède à une certaine faculté de discernement.

Certains (11) apportent une autre raison à cette coutume. On laisse volontairement pousser des mèches de cheveux, qui seront pour l’enfant pendant 3 ans, une source de noblesse et de fierté. Et quand il atteindra la quatrième année, il devra couper ses mèches, symbole de son orgueil afin d’acquérir l’humilité nécessaire pour se consacrer à l’étude de la Tora à laquelle on va commencer à l’initier.

Il est mentionné dans le livre ‘Atérèt Yéchou’a (12) une autre allusion au fait que la première coupe aura lieu à l’âge de 3 ans. En effet, le mot « Véhitgala’h » (13) qui signifie « et il rasera » est écrit dans la Tora avec une lettre « Guimèl » dont la taille est supérieur à la normale. Or nous savons que la valeur numérique du « Guimèl » est 3 pour nous indiquer que la coupe de cheveux se fera à 3 ans.

Ramenons également la pensée de l’Admour de Tsanz (14) qui enseigne que par la cérémonie de cette coupe de cheveux originale qui laissera à l’enfant de manière distinctive ses franges, nous l’éduquons à se conduire selon les lois particulières données à Israël.

Kol Touv


1) Vaïkra 19/27
2) Choute ‘Arougote Habossèm partie Ora’h ‘Haïm chap. 210 et le Choute Afarkasta Dé’aniya chap. 161 rapporté par le Choute Yé’havé Da’ate tome 5 chap. 35
3) Midrach Tan’houma Parachate Kédochim 14
4) Parachate Kédochim 19/23
5) Choute Yé’havé Da’ate tome 5 chap. 35 au nom du Choute Maaram de Brisk chap. 98 et 99
6) XVII, 10
7) Dévarim XX, 19
8) VIII, 2l
9) Rama Ora ‘h ‘Haïm chap. 245 par. 5 ; voir aussi Biour Hagra sur place
10) Référence « Guiloua’h »)
11) Maharam Brisk chap.98/99
12) Mo’adim
13) Vaïkra 13/31
14) Dans son livre Chéfa’ ‘Haïm tome 5 chap. 357
 

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