UniversTorah      Questions aux  Rabbanim      Médiathèque &  Playlist   
Retour à l'accueil du site principal
    Jeudi 18 Avril 2024, Yom 'Hamichi

677. Prendre des médicaments le Chabbate
Posté par arale le 14/03/2008 à 14:58:21
KVOD HARABANIM,

Quelqu'un à un problème ORL (toux, voies respiratoires encombrées...) et suit un traitement médical.

Arrive Chabat. Peut-on continuer à prendre les comprimés, sirop, gouttes dans le nez et inhalation.
Pour l'inhalation, cela consisterait à prendre l'eau chaude qui est sur la plata et y mettre le produit inhalant.Est-ce considéré comme bichoul?

KOL TOUV.

Réponse donnée par Rav Meir Cahn le 31/03/2008 à 20:24:21
Prendre un médicament le Chabbate, afin de calmer une douleur légère, ou de soigner une affection mineure, est défendu. Ceci dans la mesure où l'intensité celles-ci n'affecte pas l'activité ordinaire de la personne atteinte (1). Ainsi, un léger mal de dents, un léger mal de tête ou de gorge, de même qu'un rhume ou une toux, également légers, ne seront pas traités pendant Chabbate (2). La nature du traitement préconisé (comprimés gouttes, inhalation, gargarisme) n'aura pas d'incidence (3).

Néanmoins, si la personne atteinte de ce léger mal courrait le risque de voir son état s'aggraver, au point d'en tomber effectivement malade – et de sorte que dès lors elle serait à considérer comme un malade alité, ou "malade dont la vie n'est pas en danger" ('Holé Chéèn Bo Sakana) – elle pourra prendre une médication préventive pour éviter cette aggravation (4).

Ainsi, écrit le Rav Chlomo Zalmane Auerbach Zatsal, une personne qui risque de prendre froid facilement et d'attraper une pneumonie, ou une maladie autre qui une fois contractée pourra être traitée même le jour de Chabbate, pourra à priori prendre une médication le Chabbate pour l'éviter. Car pourquoi attendre de le voir malade pour le guérir, s'il est possible de l'en prévenir ? (5).

Une personne dont l'état général est affecté, de manière à ce qu'il en soit alité, sera considéré comme un "malade dont la vie n'est pas en danger" ('Holé Chéèn Bo Sakana) et la prise de médicaments lui sera autorisée (6).

De même, si l'état général de cette personne est sensiblement perturbé ou affaiblit par une douleur ou un mal, qui en temps normal lui aurait fait garder le lit, elle sera considérée comme un "malade dont la vie n'est pas en danger" ('Holé Chéèn Bo Sakana), même si pratiquement elle ne s'est pas mise au lit. Il lui sera donc permis de prendre des médicaments le Chabbate (7).


Lorsque la médication est permise le Chabbate, et qu'il est nécessaire de faire une inhalation, le problème de Bichoul (de cuisson) est à considérer. En effet, à de l'eau bouillante seront ajoutés des gouttes inhalantes, donc du liquide qui va être forcément chauffé par l'eau et amené à sa température. Celle-ci étant certainement supérieure à celle de Yad Solédète Bo (température considérée comme étant à même de "brûler la main", et estimée à 41° - 42° Celsius, ou plus selon certains avis), température où les aliments crus ou les liquides qui y sont apportés commencent à cuire. La Mélakha (le travail interdit le Chabbate) de Bichoul (de cuire) serait ainsi violé.

Si l'eau de l'inhalation a été transvasée du récipient dans lequel elle se trouvait sûr le feu ou sûr la plaque chauffante, le Kéli Richone (le premier récipient), dans un autre récipient, le Kéli Chéni (le deuxième récipient). L'eau est vraisemblablement restée Yad Solédète Bo (d'une température pouvant "brûler la main"). Néanmoins, elle n'a plus la faculté de faire cuire les aliments ou les liquides qui pourraient lui être ajoutés (8). Ceci, du fait de la distinction à remarquer, entre le Kéli Chéni (le deuxième récipient) et le Kéli Richone (le premier récipient). Alors que les parois de ce dernier, du fait qu'il se trouvait directement sûr le feu, recèlent une chaleur importante, et qui est conservée même une fois le récipient retiré du feu, le Kéli Chéni (le deuxième récipient) lui, bien que contenant un aliment ou un liquide de température Yad Solédète Bo, ne recèle pas autant de chaleur. Ses parois n'ayant pas été chaudes, son contenu, dès lors, va en se refroidissant. Ainsi, il n'a plus la faculté de cuire. C'est donc la raison pour laquelle il sera désormais permis de lui ajouter certains aliments, ou certains liquides (9).

De l'eau froide, par exemple, pourra être ajoutée au contenu d'un Kéli Chéni, même de température "Yad Solédète Bo". Car le Kéli Chéni ne cuit plus (10).

En ce qui concerne les autres liquides, l'avis des Décisionnaires est partagé: certains estiment qu'ils peuvent être ajoutés au contenu d'un Kéli Chéni, au même titre que l'eau (11), d'autres l'interdissent (12).

L'huile est mentionnée par la Guémara, ainsi que les épices, comme étant des denrées qui ne sont plus cuites par un Kéli Chéni, au même titre que l'eau (13). Dans la pratique, l'ajout d'huile ou d'épices au contenu d'un Kéli Chéni peut être questionnable, du fait que la nature de ces derniers n'a pas été précisée (14).

Néanmoins un liquide quelconque, qui aurait déjà été bouilli, pourra être ajouté au contenu d'un Kéli Chéni, même une fois refroidit (15). Ce pourrait être le cas de certaines gouttes, ou d'huiles aromatiques. Le cas échéant, les ajouter à l'eau chaude d'un Kéli Chéni ne posera pas de problème.

En cas de doute quant à l'état du liquide inhalatoire ou de certains de ses composants, et de manière à éviter tout risque de Issour, l'idéal serait donc de préparer ces gouttes en les faisant bouillir avant Chabbate. de la sorte, les ajouter pendant le Chabbate à l'eau chaude du Kéli Chéni, ne posera plus de problème.

Il est à signaler, pour terminer, qu'il est un avis selon lequel le contenu d'un Kéli Chéni qui serait encore bouillant (Chéhayad Ni'hvite Bo), ne sera pas considéré comme un Kéli Chéni, mais comme un Kéli Richone (un premier récipient), dans lequel aucun liquide ne peut être versé (16).


Kol Touv


1) Choul'hane 'Aroukh, Ora'h 'Haïm chap. 328 par. 1 et 37; voir aussi le par. 32, ainsi que le chap. 327 par. 1
2) Voir le 'Aroukh Hachoul'hane, chap. 328 par. 19
3) Voir le Choul'hane 'Aroukh, ad. loc. par. 42, et le Michna Béroura, alinéa 130
4) Voir le Rambam, Hilkhote Chabbate Pérèk 22 Halakha 7, ainsi que le Choul'hane 'Aroukh, ad. loc. chap. 321 par. 18; voir encore le Choute Iguérote Moché, Ora'h 'Haïm tome 3 chap. 53
5) Choul'hane Chélomo, 'Erké Réfoua tome 2 page 175; voir cependant la suite du texte, duquel il apparaît que cette permission ne serait valable que lorsque l'absence de médication entraînerait la maladie, de manière certaine
6) Rama, chap. 328 par. 37; voir néanmoins le Biour Halakha, ad. loc. intitulé Vékhène, qui examine cette Halakha, en concluant que Lo Noukhal Lim'hote Béyad Hamékilim; voir aussi le Michna Béroura, ad. loc. alinéa 1 et alinéa 100, ainsi que 121; voir encore le 'Hayé Adam, Kéllal 69 dans Nichmate Adam alinéa 3
7) Voir le Choul'hane 'Aroukh, ad. loc. par. 17
8) Michna, Chabbate 42b; Rachi, ad. loc; Guémara, ad. loc. 40b; Choul'hane 'Aroukh, Ora'h 'Haïm chap. 318 par. 12 et 13
9) Tossafote, ad. loc.
10) Choul'hane 'Aroukh, ad. loc. chap. 12 et Michna Béroura, ad. loc. alinéas 81 et 86, ainsi que Cha'ar Hatsiyoun, ad. loc. alinéa 86 et Kaf Ha'haïm alinéa 134
11) Graz, chap. 318 par. 11; voir aussi le Péri Mégadim, Michbétsote Zahav 15
12) Michna Béroura, ad. loc. fin de l'alinéa 139, ainsi que Kaf Hahaïm, ad. loc. alinéa 65
13) Guémara Chabbate 40b et 42a; Choul'hane 'Aroukh, ad. loc. chap. 12 et 13; Michna Béroura, ad. loc. alinéas 65 et 74, ainsi que Cha'ar Hatsiyoun, ad. loc. alinéa 68 et Biour Halakha par. 10 intitulé Assour
14) Voir entre autre le Kétsote Hachoul'hane chap. 124; de plus, il n'est pas évident que les épices moulues, telles que nous les utilisons de nos jours, soient inclues dans la permission que donne la Guémara, de les ajouter au Kéli Chéni; il semblerait plutôt qu'elles cuisent dans un Kéli Chéni, voir le Chémirate Chabbate Kéhilkhato, Pérèk 1 alinéa 152, au nom de Rav Chélomo Zalmane Auerbach Zatsal
15) Michna Béroura, ad. loc. alinéa 39
16) Michna Béroura, ad. loc. alinéa 48, au nom du 'Hayé Adam, Kéllal 20; 'Hazone Ich, Ora'h 'Haïm fin du chap. 42 par. 19 et 20
 
Navigation Rapide
Pour se déplacer entre les questions, nous vous proposons un accès facile à la navigation