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    Mardi 16 Avril 2024, Yom Chelichi

538. Le médecin, le patient et la maladie
Posté par arale le 31/10/2007 à 09:45:59
Kvod Harabanim

Merci pour votre travail colossal qui nous permet d'avancer sur la bonne voie.
Pourriez vous préciser ce qui incombe à une dentiste juive soignant non juifs et juifs plus particulièrement?
En soignant les dents est-ce qu’elle accomplit une ou des Mitsvote ?
Si oui, lesquelles ?
Je suppose qu’elle doit avoir une Kavana d’accomplir ces Mitsvote : à chaque soin, une fois par jour, par an ?
Y a- t- il une formule à prononcer pour demander l’aide de Dieu afin de prodiguer les bons soins ? A chaque soin, une fois par jour ? Peut être un psaume ?
Si le patient est juif, la dentiste doit–elle aussi lui faire faire une demande à Dieu (comme avant de prendre un médicament) ?
Je crois qu’il y a des problèmes spécifiques liés aux femmes juives afin que certains soins (pansements dentaires…) ne créent pas de "séparations" préjudiciables en cas de Mikvé ?

Plus généralement à quoi doit-elle veiller aussi bien du point de vue Halakhique que de la bonne attitude à adopter vis-à-vis des patients ?

KOL TOUV.

Réponse donnée par Rav Aharon Bieler le 30/12/2007 à 10:56:32
La Tora (1) vient préciser à propos d’un personne qui a reçue un coup : « Vérapo Yérapé » (Guériras, il guériras). On déduit de ce verset que la Tora a donné la permission au médecin de guérir le malade.

En effet, cela n’était pas évident à priori, car on pourrait se dire :

« Pourquoi me mettrai-je dans une telle situation qui pourrait entraîner par mon erreur la mort du patient. »
Ou bien aussi : « D. l’a frappé (par une maladie) et moi je vais me permettre de le guérir ? (2)

Il découle de ceci deux conséquences :
a) la responsabilité du médecin est grande. Il doit donc être très attentif à tous ses actes, comme c’est le cas dans tout ce qui concerne les lois de « Pikoua’h Néfèch » (lois traitant des personnes en danger de mort). Ainsi il ne pourra appliquer un traitement que s’il est expert dans ce domaine
b) A priori, les hommes auraient du demander la guérison directement à Hachèm en invoquant sa miséricorde. Toutefois, puisque les hommes ont l’habitude de se comporter selon les lois de la nature, ils pourront passer par des moyens « naturels ou conventionnels » pour se soigner (3).

Bien que la Tora ait mis entre les mains des hommes la possibilité d’utiliser des moyens thérapeutiques, il n’en reste pas moins qu’ils ne doivent pas oublier que la source de la guérison est Hachèm lui-même. Comme il est dit : « Ani Hachèm Rofékha » (Je suis Hachèm Ton Guérisseur) (4).

Il est donc fondamental que le médecin comme le malade, aient conscience que la possibilité de se soigner par cette voie est conditionnée par le reconnaissance que :
• la véritable guérison ne peut provenir que d’Hachèm,
• qu’ils lui adressent leurs prières
• qu’ils ne pensent pas que cela dépend uniquement de la thérapeutique et du médecin (5).
Aussi, comme vous le soulignez, avant tout acte médical, le patient devra dire « que se soit Ta volonté mon D. que cet acte là soit pour ma guérison, car Tu es mon Guérisseur » (6).

Ceci dit, le fait de soigner une personne est une Mitsva à part entière comme il apparaît dans la Guémara (7), le Tour et le Choul’hane ‘Aroukh (8). Elle entre dans le cadre des actes à accomplir pour sauver une personne en danger de mort (Pikoua’h Néfèch) (9), puisqu’on peut profaner le Chabbate pour sauver quelqu’un qui se trouve dans cet état de danger (10).

Certains mentionnent d’autre part que c’est en rapport avec la Mitsva de « Hachavate Avéda » (restituer un objet perdu). Comme si l’on restituait sa santé à celui qui est tombé malade (11).

Il existe un principe général concernant l’accomplissement des Mitsvote. Le Choul’hane ‘Aroukh (12).
a tranché qu’avant de réaliser une Mitsva (telle que la lecture du Chéma’ Israël par exemple), il était nécessaire d’avoir à l’esprit que l’on va réaliser par cet acte un commandement de D.

Par conséquent le praticien qui effectue un acte médical devra donc, pour donner une pleine valeur à la Mitsva, penser qu’il réalise de la sorte la Volonté de D.
Ceci n’a pas à être exprimé par la parole, il suffit d’en avoir conscience.

Il n'en reste pas moins qu'il existe une prière, composée par le RAMBAM, qu'il est bon que tout médecin prononce avant de commencer sa journée.


Prière d'un Médecin

Je m'apprête à m'occuper de mon métier. Viens moi en aide, mon D-ieu, pour que je réussisse dans mon travail. Mets dans mon cœur l'amour de la science et de tes créa¬tures ! Ecarte de moi l'amour du gain illicite et de la gloi¬re, car ces dispositions s'opposent à l'amour de la vérité et de tes créatures !

Affermis et fortifie mon corps et mon âme afin qu'ils soient toujours préparés à aider le pauvre et le riche, le bon et le méchant, l'ami et l'ennemi, afin que je voie dans le malade l'homme seul !

Mets dans le cœur de mes malades la confiance en moi¬ même et en mes connaissances; qu'ils écoutent mes conseils et exécutent mes prescriptions !

Éloigne de la couche de ceux qui souffrent tout faux médecin et toute la troupe de conseillers parmi les proches parents !

Fais que j'écoute, parmi mes collègues, les conseils de vrais savants, désireux de m'apprendre à comprendre, car le champ de la science est grand et vaste.

Fortifie-moi, je t'en prie, et affermis mon cœur, pour résister aux sots, faux savants, qui m'enseignent des choses vaines afin que je ne m'écarte pas de la voie de la vérité sans rougir !

"Car c'est Moi l'Eternel ton médecin" (Exode 15,26)



Quant à la partie de votre question qui concerne l’immersion d’une femme dans un Mikvé, elle exprime un problème réel, auquel il faut prêter sérieusement attention.
En effet, pour que l’immersion soit valable, il importe qu’aucun élément étranger au corps ne fasse séparation (‘Hatsitsa) entre celui-ci et l’eau du Mikvé.

De nombreux soins dentaires peuvent effectivement être considérés comme faisant séparation et invalider l’immersion dans le Mikvé. Ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques.

Parmi ces traitements problématiques citons entre autres les pansements ou les obturations provisoires, les points de suture, un plombage qui dépasse et qui gêne, les dentiers amovibles etc.

Chaque cas étant particulier, il est impératif d’être en contact avec un Rav compétant afin de consulter le cas échéant. C’est par ailleurs une grande Mitsva que d’informer les patientes juives qui l’ignorent, de la nature et de l’importance de ce problème.

Kol Touv


1) Chémote 21/19
2) Tour Yoré Dé’a chap. 336 par. 1 au nom du Rambane dans Torate Haadam page 12
3) Rachi Pérèk Haroé 60a ; Ba’h chap. 336 début de citation « Chékèn » ; Voir aussi le Taz chap. 336 alinéa 1
4) Chémote 15/26
5) Yad Avraham chap.336
6) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 230 par. 4 ; Michna Béroura alinéa 4 ; Voir aussi le Maguèn Avraham sur ce paragraphe
7) Nédarim 41a
8) chap.336 par.1
9) Ramban Séfèr Torate Haadam
10) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 328 par. 2
11) Roch Nédarim 41a ; Voir Biour Hagra chap. 336 alinéa 1
12) Ora’h ‘Haïm chap. 60 par. 4 et Michna Béroura alinéa 7
 

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