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    Mercredi 24 Avril 2024, Yom Révii

480. Le Birkate Hamazone . Et pourquoi pas après des légumes ?
Posté par jkaya le 05/09/2007 à 23:31:29
Bonjour ;

"Tu mangeras, tu te rassasieras et tu me béniras". Nous apprenons de la que d’après la Tora, l’obligation de bénir existe seulement après manger et seulement si je suis rassasié.

Ce que je ne comprend pas c’est que si je mange un poulet entier et 1 kg de pomme de terre ; alors je suis parfaitement rassasié. Comment expliquer alors qu’il ne tombe pas sur moi une obligation de la Tora de bénir mais seulement Dérabanane (d'ordre rabbinique) ?
Le verset ne parle pourtant que d’être rassasié et ne précise pas par du pain.
Si on dit que sociologiquement, à l’époque les gens ne se rassasiaient qu’avec du pain alors aujourd’hui cela n’est plus vrai et il faudrait donc adapter, car il s’agit d’une mitsva de la Tora et on ne peut la laisser s’envoler.

Merci de vos éclaircissements

Réponse donnée par Rav Aharon Bieler le 10/09/2007 à 20:16:57
Nous avons l’obligation d’après la Tora de faire une bénédiction après avoir consommé un repas qui nous a rassasié, ainsi qu’il est dit : « Véakhalta Véssava’ta Ouvérakhta… » ( Tu mangeras, tu te rassasieras et tu béniras l’Eternel ton D. pour la bonne Terre qu’il t’a donné ) (1).

Cet ordre de la Tora est mentionné par la Guémara (2) comme une Mitsva à part entière.
Elle est par ailleurs comptée par les Décisionnaires (3) comme faisant partie des six cent treize Mitsvote.

Les Tanaïm (les rédacteurs de la Michna) discutent pour déchiffrer l’intention précise de la Tora et déterminer après quels types d’aliments il nous a été ordonné de faire le Birkate Hamazone.

Selon Rabanne Gamlièl, il s’agit des sept produits de la terre qui font l’éloge de la terre d’Israël. En l’occurrence : Le blé et l’orge (qui en fait englobent le blé, l’orge, le seigle, l’avoine et l’épeautre), le raisin, la figue, l’olive, la grenade, la datte (4).
Il le déduit du fait que l’ordre de la Tora de bénir après s’être rassasié fait suite au verset suivant (5): « Terre de blé, d’orge, de vigne, de figuiers et de grenadiers, Terre d’oliviers oléagineux et de miel ».
Ainsi, on devra faire une bénédiction après toute consommation d’aliments cités dans le verset en question.

Par contre nos Sages sont en désaccord avec cette opinion car ils pensent que l’on ne pourra faire la Birkate Hamazone qu’après avoir consommé du pain (constitué d’une des cinq céréales citées précédemment).
Ils se basent sur le fait qu’une partie du verset qui précède immédiatement dans la Tora, l’ordre de bénir après s’être rassasié, fait explicitement mention du pain. Comme il est dit : « Érèts Achèr Lo Bémiskénoute Tokhal Ba Lé’hèm » (Une Terre où tu mangera le pain à discrétion, où tu ne manquera de rien) (6).

Notons enfin l’avis de Rabbi ‘Akiva selon lequel l’injonction de bénir après s’être rassasié porte sur toutes sortes d’aliments même des légumes bouillis s’ils constituent le principal du repas.
Il comprend en effet, que l’expression « tu mangeras et tu te rassasieras » fait allusion à toute nourriture qui le rassasierait (7).

La Halakha a été tranchée selon l’avis des ‘Hakhamim.
Il en résulte que l’on ne pourra faire le Birkate Hamazone que uniquement après la consommation de pain (8).

Notons que la Guémara elle-même a tenue à préciser sur quel pain nous avons l’obligation de faire le Birkate Hamazone en fin de repas. La règle générale est la suivante : tout pain nécessitant avant sa consommation la bénédiction Hamotsi Lé’hèm Mine Haarèts (Qui fait sortir le pain de la terre), exigera le Birkate Hamazone comme bénédiction finale (9).

A noter, d’autre part, que d’après la quasi totalité des Décisionnaires, le Birkate Hamazone n’entre dans le cadre d’une Mitsva de la Tora, que dans le cas où la consommation du pain nous a permis de nous rassasier.
Dans le cas contraire cette obligation persiste si l’on a consommé au minimum un Kazaïte (environ trente grammes) de pain. Cette obligation n’est alors plus que d’ordre rabbinique (10).

Comme vous le faite remarquer, celui qui aurait ingurgité un poulet entier et un kilo de pommes de terre, aura l’obligation de prononcer sur ces aliments, une bénédiction finale instituée par nos Sages.
Il est évident qu’il ne fera pas le Birkate le Hamazone, mais il dira la bénédiction adéquate, c’est à dire Boré Néfachote Rabote.

Kol Touv


1) Dévarim chap. 8 verset 10
2) A plusieurs endroits au début du sixième chapitre du traité Bérakhote
3) Séfèr Hamitsvote Mitsvate ‘Assé 19 ; Voir aussi le Rambam Hilkhote Bérakhote chap. 1 Halakha 1
4) Michna Bérakhote 44a ; Voir aussi Rachi sur place
5) Dévarim chap.8 verset 8
6) Voir la Guémara Bérakhote 44a et le commentaire de Rachi sur place
7) Michna Bérakhote 44a et commentaire du Barténora sur place
8) Rambam Hilkhote Bérakhote chap. 3 Halakha 2 ; Voir aussi le Tour et le Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 208 par. 1
9) Tossefta dans le traité Bérakhote Pérèk 4
10) Voir Rambam Hilkhote Bérakhote chap. 1 Halakha 1 ; Tour et Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 184 par. 6 et Michna Béroura alinéa 22
 
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