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    Jeudi 28 Mars 2024, Yom 'Hamichi

466. Pourquoi faire (ou ne pas faire) une bénédiction sur une Mitsva
Posté par yossef1 le 08/08/2007 à 14:41:18
Kvod harav

Quelle est l’origine du ‘Hiyouv (l’obligation) de faire la Bérakha (bénédiction) avant de faire une Mitsva ?
Pourquoi pour certaines Mitsvote, ne fait-on pas de Bérakha, telle que pour :
• Kiboud Av Vaèm (Honnorer ses parents),
• ‘Halitsa (Refus du Lévirat),
• Yboum (Lévirat),
• Kériate Chéma’ (Lecture du Chéma’ Israèl),
• La Tsédaka,
• Chétiate Arba’ Kossote (Consommation des quatre verres de vin à Péssa’h),
• Hagada de Péssa’h,
• Bikour ‘Holim (Visiter des malades) etc.
De plus le Likouté Mitsvote Harambam dans la Paracha ‘Ékèv Pérèk 7 verset 10, écrit "Kéchèm Chémévarkhim ‘Al Hahaniya kakh Mévarkhim ‘AL KOL MITSVA OUMITSVA.
Toutefois, à priori nous ne faisons pas sur tout une Bérakha" ?

Réponse donnée par Rav Meir Cahn le 16/09/2007 à 22:59:03
" De même que l’on récite une bénédiction sur un agrément, ainsi on récitera une bénédiction avant toute Mitsva, ensuite on l’accomplira ". C’est ainsi que le Rambam entame son codex sur les lois des Bérakhote (des bénédictions) (1).
Ce ‘Hiyouv (le devoir) de Bérakha, bien que d’origine rabbinique, est néanmoins relevé, sous forme d’allusion, dans la Tora Écrite. Ainsi dit le Passouk : « Lo ‘Avarti Mimitsvotékha Vélo Chakha’hti… » (2). Et commentent nos Sages : " Lo ‘Avarti ", je n’ai pas outrepassé – de Te bénir ; "Vélo Chakha’hti", et je n’ai pas omis - de mentionner Ton Nom, ceci lorsque j’ai accompli la Mitsva de prélever la "Térouma" et le "Ma’assèr" (3).

Nous voyons donc que l’accomplissement d’une Mitsva sera précédé de la récitation d’une Bérakha (4).

Toutes les Mitsvote cependant, ne seront pas précédées d’une Bérakha. Ainsi selon le Rambam, seules les Mitsvote « Bèn Adam Lamakom » (entre un homme et Hachèm) seront précédées d’une Bérakha. On ne récitera pas de bénédiction avant les Mitsvote désignées comme « Bèn Adam La’havéro » (entre un homme et son prochain), telle que la Tsédaka (l’aumône) par exemple (5).

D’autres Richonim (Décisionnaires de l’époque médiévale) ne voient pas de différence entre ces deux catégories de Mitsvote.
Ils ont exposés d’autres principes, permettant d’expliquer la présence ou l’absence de Bérakha avant certaines d’entre elles.

Ainsi, les Mitsvote dont l’accomplissement impliquerait la participation ou la collaboration d’un tiers, seront dépourvues de Bérakha. Car le concours de ce dernier n’étant pas forcément acquis, la Mitsva risquerait de ne pas être accomplie. Le cas échéant, cette Bérakha anticipée se retrouverait caduque (Bérakha Lévatala).

Par exemple, la Mitsva de Tsédaka : la personne nécessiteuse pourrait décider de refuser l’aumône qui lui est adressée. Comment, dés lors, risquer une Bérakha qui pourrait ne pas être suivie de la Mitsva ? Il en ira de même pour la Mitsva de « Kiboud Av Vaèm » (l’honneur à rendre aux parents), ou de « Bikour ‘Holim » (visiter les malades) (6).

Certaines Mitsvote seront privées de Bérakha pour une autre raison. Les Mitsvote appelées Mitsvote « Tmidiote » (Mitsvote constantes) – dont l’accomplissement n’est pas limité dans le temps – ne seront pas précédées de Bérakha, car la fréquence où elles peuvent se présenter, les rendent plus "communes". De ce fait, elles sont dépourvues de l’élément de « ‘Hiboub » (d’attachement).
Dans cette catégorie entrent les Mitsvote telles que « Emounate Hachèm » (la croyance en D.), « Ir-ato » (Le craindre), « Ahavato » (L’aimer) ; la « ‘Halitsa » (le renonciation au Lévirat), et le « Iboum » (le Lévirat) selon certains (7). Mais aussi le « Bikour ‘Holim » (les visites aux malades), les dons de Tsédaka (d’aumône), et le « Kiboud Av Vaèm » (l’honneur à rendre aux parents), ci-dessus mentionnés. Seules les Mitsvote qui ne se présentent que périodiquement, ou épisodiquement, auront le privilège d’être précédées d’une Bérakha (8).

Les « Arba’ Kossote » (les quatre coupes de vin du soir du Sédèr) hormis la bénédiction courante de Boré Péri Hagafèn (la bénédiction sur le vin), ne bénéficieront pas de bénédiction spéciale en temps que Mitsva.
La raison à cela se trouve dans le fait que ces quatre coupes forment un ensemble. Elles forment une Mitsva, unique mais composée de la somme de quatre éléments. Or l’accomplissement de celle-ci est espacé dans le temps, fractionné par la lecture de la Haggada. De ce fait, elle sera accomplie sans Bérakha, le récit d’une Birkate Hamitsvote (bénédiction pour une Mitsva) n’étant prévu que lorsque la Mitsva est accomplie d’un trait, sans interruption (9).
Une considération technique est également relevée : la première coupe est celle du Kiddouch, habituel chaque Chabbate et jours de fêtes. Elle n’a donc pas de caractère exceptionnel, et ne justifiera pas l’instauration d’une bénédiction. Il ne resterait ainsi que trois coupes à mentionner. Or, n’évoquer dans la Bérakha que trois coupes alors que la Mitsva en comprends quatre, ne correspond pas à la réalité (10).

La « Kériate Chéma’ » (le récit journalier du Chéma’ Israël), bien qu’entouré de sept bénédictions - deux le précèdent, une le suit dans la prière du matin, deux dans celle du soir – ne sera néanmoins pas précédé par une Birkate Hamitsvote (bénédiction spéciale à l’accomplissement d’une Mitsva).
Néanmoins, disposées avant le récit du Chéma, leur lecture fait en quelque sorte office de Birkate Hamitsvote, remplaçant la formule plus spécifique de " Achèr Kidéchanou…Likro Èt Chéma’" (qui nous a sanctifié…de réciter le Chéma’) (11).
De plus, selon les Géonim la Bérakha suivant la lecture du Chéma’ est en fait sa Birkate Hamitsvote (12).

Quand à la Bérakha pour le « Sipour Yétsyate Mitsraïm », elle est incluse dans la Bérakha de « Achèr Géalanou » (13). Néanmoins, certains expliquent que le « Sipour Yétsyate Mitsraïm » ne requiert pas de Bérakha du tout, car l’essentiel de la Mitsva n’est pas le récit de la sortie d’Egypte, mais la commémoration des miracles et de l’expression de la bonté qu’Hachèm nous a prodigués à cette occasion. Cette commémoration est essentiellement mentale, et un manque de compréhension invaliderait la Mitsva (14).

Kol Touv et Chana Tova


1) Rambam, Hilkhote Bérakhote Pérèk 1 Halakha 3 ; voir aussi le Rambam, ad. loc. Pérèk 11 Halakha 3
2) Dévarim, chapitre 26 verset 13
3) Bérakhote 40b
4) Voir le Tossefote Yom Tov, Ma’assèr Chéni chap. 5 Michna 11 ; Mélékhèt Chélomo, ad. loc. ; Maharcha, Guémara Bérakhote ad. loc. Voir encore la Tosséfta, Bérakhote début du chap. 7 ; Or Zaroua, tome 1 chap. 140 ; Yérouchalmi, Bérakhote chap. 6 Michna 1, ainsi que le Péri Mégadim dans son introduction des Hilkhote Bérakhote, note 15 ; Rachi, Bérakhote 48b intitulé "Kihou".
5) Rambam, Hilkhote Bérakhote, Pérèk 11 Halakha 2, voir le Késsèf Michné, ad. loc.
6) Choute Harachba tome 1 chap. 18 et tome 3 chap. 283 ; Choute Haméyou’hassote Harambane chap. 189 ; Aboudarham, Birkate Hamitsvote Oumichpétéhèm, morceau intitulé Téchouva Hakhi, Cha’ar 3 ; Tamim Dé’im chap. 179
7) Voir aussi le Aboudraham, ad. loc. qui explique que la ‘Halitsa ne sera pas précédée d’une Bérakha, car elle ne représente pas réellement l’accomplissement d’une Mitsva : elle représente plutôt le rejet d’une Mitsva, celle du Iboum. Voir aussi le Choute Harachba, tome 1 chap. 18 qui explique l’absence de Bérakha pour la ‘Halitsa et le Iboum, par le fait que ces dernières ne soient pas des Mitsvote intrinsèquement parlant, mais plutôt des substituts à la Mitsva de Pérou Ourevou, la Mitsva de procréer. Par ailleurs, la présence ou l’absence de Bérakha pour le Iboum est l’objet d’une polémique, voir le Choute Chèm Arié Ora’h ‘Haïm chap. 1 et le Choute Michnate Rabbi Éliézèr, ad. loc.
8) Or Zaroua’, tome 1 chap. 140
9) Aboudraham, tome 1 Sédèr Hahagada page 238 ; Rokéa’h, chap. 223 ; Or Zaroua, tome 1 chap. 140 ; Or’hote ‘Haïm, par. 7
10) Le Raavane, dans le Séfèr Hamanhig chap. 81 ; voir aussi le Béssamim Roch, chap. 196
11) Méïri, Bérakhote 11b, intitulé Véharé Lamadéta
12) Téchouvate Rav Haï Gaone, dans Cha’aré Téchouva chap. 102, dans le Rachba, Bérakhote 11a fin du morceau intitulé A’hate Aroukha
13) Voir aussi le Choute Haélèf Lékha Chélomo, Hachmatote chap. 40
14) Voir le Maharal, Guévourote Hachèm fin du chap. 62. Voir encore le Choute Haroche, Kéllal 24 chap. 2, ainsi que le Béssamim Roch, ad. loc.
 
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