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    Jeudi 25 Avril 2024, Yom 'Hamichi

457. A qui l'honneur : Kohèn ou Talmid ‘Hakham ?
Posté par arale le 31/07/2007 à 12:06:27
Chers Rabanim,

Lors de la Sé'ouda Chlichite collective de la Bèt Haknéssèt qui doit faire le Motsi et le Birkate Hamazone?
Si j'ai bien compris, selon la Mitsva d'honorer les Kohanim (Vé kidachto) cela devrait être un Kohèn sauf s'il y a un Talmid 'Hakham.
Mais qu'appelle-t-on "Talmid 'Hakham"? Quelqu'un de plus savant que le Kohèn? Le plus savant de l'assistance ? Où bien la notion de "Talmid 'Hakham" correspond à une définition précise: connaitre le Chass, savoir trancher la Halakha....?
Le Michna Béroura dit qu'on n'a plus l'habitude de donner préséance au Kohèn (sauf pour la montée à la Tora) mais qu'il faut le faire a priori. Si on le fait est-ce que cela a conservé son statut de Mitsva ou est-ce une bonne conduite?

Si la préséance donnée au cohen a conservé son statut de Mitsva Déoraïta, qui fait la Mitsva:
- lorsqu'un Kohèn monte à la tora premier, tous les membres du kahal ?
- lorsqu'un Kohèn fait le Motsi et le Birkate à une Sé'ouda Chlichite, tous les présents ?

KOL TOUV

Réponse donnée par Rav Meir Cahn le 21/08/2007 à 23:44:05
Lorsque deux convives ou plus, ont pris place à table pour prendre leur repas conjointement, l’un d’entre eux récitera pour tous la bénédiction sur le pain (1). Cette bénédiction collective sera préférée – en temps que Hidour Mitsva (embellissement de la Mitsva) - à plusieurs bénédictions individuelles. Elle aura l’avantage de permettre l’expression du Bérov ‘Am Hadrate Mélèkh - la glorification du Roi, lorsqu’Il est évoqué par la multitude (2).

Ainsi, et dans la mesure où le Ba’al Hassé’ouda (le maître de céans) ne s’est pas attablé, ça sera le plus grand homme parmi les convives qui sera honoré de la bénédiction (3). Le plus grand homme, c’est bien sûr le Talmid ‘Hakham (4).

En présence d’un Kohèn, c’est à lui que sera accordé le privilège de prononcer la Bérakha (la bénédiction) collective. Car nous sommes tenus d’honorer les Kohanim (pluriel de Kohèn), et de leur donner la préséance. Cependant, si le Kohèn n’est pas instruit en Tora (‘Am Ha’arèts), et en présence d’un convive Talmid ‘Hakham (versé en Tora, érudit), c’est à ce dernier que reviendra le privilège de prononcer la bénédiction. A moins que le Kohèn soit également un Talmid ‘Hakham. Dans ce cas, c’est de nouveau le Kohèn qui sera à l’honneur. S’il se trouvait que l’autre Talmid ‘Hakham fut plus grand en Tora que ce dernier, il serait conseillé d’honorer le Kohèn ; il n’y a toutefois pas d’obligation à cela (5).

Dans le principe, la Mitsva de donner la préséance à un Kohèn est Midéoraïta (d’ordre toranique) (6). Le Maguèn Avraham (7) s’interroge sur le manque de soin porté à l’accomplissement de ce devoir de donner la préséance aux Kohanim, à chaque fois que se présente la réalisation d’un Davar Chébikdoucha (d’une action sacrée, cultuelle). Il stipule que nous sommes néanmoins tenus de nous appliquer à le faire, ce devoir étant Déoraïta (d’ordre toraïque). Il serait possible, ajoute-t-il, que notre manque de compétence à savoir distinguer, ou établir les I’houssé Kéhouna (les lignages des Kohanim), serait à la source de cette attitude (8).

Le Michna Béroura (9) ramène l’interrogation soulevée par le Maguèn Avraham, et souligne qu’il faudra certainement s’appliquer à respecter cette Mitsva (il ajoute qu’il sera même recommandé de faire précéder un Lévi à un Israël, lorsqu’ils ont le même niveau de Tora). Ainsi, il est clair que malgré l’éventuelle absence de Ktav You’hassine (arbre généalogique traçant le lignage de Kéhouna) du Kohèn, cette Mitsva reste une obligation absolue.

C’est également ce que nous pouvons relever de la Halakha mentionnée par le Rama (10), stipulant que l’interdit de se servir d’un Kohèn est toujours valable, Afilou Bizmane Hazé (même de nos jours). Et nous noterons bien que le Michna Béroura (11) renforce cette Halakha, en soulignant que malgré l’absence des Korbanote (des sacrifices) les Kohanim contemporains conservent leur vertu et leur Kédoucha (leur sainteté).

Cette Halakha est d’ailleurs valide pour tout ce qui concerne les Kohanim de nos jours, leur statut et leurs lois (12).

Enfin, lorsqu’un Kohèn est appelé à monter en premier à la Tora, c’est de toute évidence le Kahal (l’assemblée) dans son entier qui accomplit la Mitsva d’honorer les Kohanim, le Gabaï ou le ‘Hazane (maître officiant) n’étant qu’un Chalia’h (un délégué) agissant au nom et dans l’intérêt de l’ensemble des membres de la synagogue. Il en ira de même pour une Sé’ouda (un repas) communautaire, offerte par la communauté.

Kol Touv


1) Choul’hane ‘Aroukh, Ora’h ‘Haïm chap. 167 par. 11
2) Biour Halakha, ad. loc. intitulé E’had Mévarèkh
3) Choul’hane ‘Aroukh, ad. loc. par. 14
4) Michna Béroura, ad. loc. alinéa 67
5) Rama, ad. loc, Choul’hane ‘Aroukh chap. 201 par. 2
6) Maguèn Avraham, chap. 201 alinéa 4, rapportant la Guémara Guittine, 59b et se référant à de nombreux Richonim ; Michna Béroura, chap. 201 alinéa 13, en son nom ; tel semblerait être apparemment l’avis du Choul’hane ‘Aroukh, ad. loc, qui fait mention de l’injonction toraïque de Vékidachto, voir cependant le Tossafote, ‘Houline 87a intitulé Vé’hyévo. Voir encore le Rambam, Issouré Bia chap. 20 par. 1, le Tour Yoré Dé’a chap. 28 ainsi que le Ba’h et le Péricha ad. loc, le Choute Maharachdam Ora’h ‘Haïm chap. 235, le Chout Zikhrone Yossef, chap. 3, le Chout Harivach chap. 94, le Chout Maharite tome 1 chap. 149, le Chout ‘Hout Hachani chap. 17, le Chout ‘Hévate Ya’ir Hachmatote à la page 154 et à la page 247, le Chout Bèt Efraïm Ora’h ‘Haïm chap. 6 et Evèn Ha’ézèr chap. 7, le Chout Chévoute Ya’akov tome 1 chap. 93, le Min’hate ‘Hinoukh Mitsva 269, le Sdé ‘Hémèd Kéllalim note 20 chap. 92, le Chout Maharcham tome 1 chap. 214, le Chout ‘Hatam Sofèr chap. 29 , le Da’at Tora, Ora’h ‘Haïm chap. 201
7) Ad. loc
8) Voir ci-dessus la note 6
9) Ad. loc.
10) Ora’h ‘Haïm chap. 128 par. 45
11) Ad. loc.
12) Michna Béroura ad. loc, voir aussi le Chout Kénéssèt Yé’hézkèl à la fin du chap. 56, le ‘Aroukh Hachoul’hane, Yoré Dé’a chap. 305 pat. 55, et le ‘Hazone Ich, Chévi’ite à la fin du chap. 5
 
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