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    Mercredi 24 Avril 2024, Yom Révii

384. Quand peut on prononcer le Nom de D. ?
Posté par Juif le 31/03/2007 à 22:42:10
A-t-on le droit de prononcer le nom de Hachèm ? Premièrement, lorsqu'on le trouve écrit dans un Passouk (verset) cité en partie par la Guémara ou autre Séfèr, et deuxièmement, de le chanter lorsqu'il est écrit dans les Zémirote de Chabbate ?

Réponse donnée par Rav Aharon Bieler le 25/04/2007 à 21:30:07
Quelle est la source de l’interdiction d’invoquer le Nom Divin en vain ?

Le Choul’hane ‘Aroukh (1) stipule que celui qui fait une bénédiction qui n’avait pas lieu d’être, est considéré comme ayant invoqué le Nom de D. en vain et il est comparé à celui qui jure en vain.
Par conséquent, il sera interdit de répondre « Amèn » à sa bénédiction.

Dans le cas où la bénédiction qui n’a pas lieu d’être, a été faite avec l’intention de louer ou de remercier D., les Richonim (premiers décisionnaires) s’interrogent quant au niveau de l’interdiction : est-elle d’ordre toranique ou rabbinique ? (2).
On parle ici d’un cas habituellement qualifié de « Bérakha Lévatala » (bénédiction en vain), comme par exemple faire une bénédiction sur un aliment qui a déjà été exempté par une autre bénédiction.

Par contre lorsque la bénédiction est faite sans l’intention de louer D., cette interdiction est d’après tout le monde d’origine Toranique (3).
Cette interdiction reste valable même lorsque l’invocation du Nom se fait en langue étrangère.

L’interdiction porte sur les sept noms suivants de D. qu’il est interdit aussi d’effacer : «Chèm Havaya», «Ado-naï»(Chèm Adnoute), «É-l», «Élo-him»,
«É-yé», «Cha-daï», « Tséva-ote».

Tous les autres qualificatifs de D. comme « Ra’houm » (miséricordieux) et «‘Hanoune» (compatissant), peuvent être invoqués en toute occasion (sauf dans les endroits sales comme les toilettes).

Nos sages ont évoqué les punitions les plus sévères pour ceux qui invoquent le Nom de D. en vain et sans raison (4).

Il ressort qu’en dehors des bénédictions instituées par nos ‘Hakhamim, quand elles sont dites à bon escient, il n’est permis d’exprimer le Nom de D. que dans les cas suivants :

• Dans le cas d’une louange ou d’un remerciement à D.
Ainsi il est permis de dire « Toda la É-l» (merci à D.) ou « Bé’ézrate ha É-l » (avec l’aide de D.)
• Lors de prières ou de demandes particulières adressées à D., à condition de ne pas les formuler sous la forme de bénédiction commençant par « Baroukh Ata Ado-naï… ». On pourra par contre s’exprimer ainsi : « Que ce soit ta volonté, mon D. … » (5).

Par ailleurs, il est mentionné dans le Choul’hane ‘Aroukh (6) qu’il est permis d’enseigner aux enfants les bénédictions bien qu’ils prononcent le Nom de D. en vain et que l’enseignant est amené lui aussi à le prononcer (7).

Par contre, poursuit le Michna Béroura (8), une personne qui apprend les bénédictions pour lui-même n’aura pas l’autorisation de les prononcer.

A l’inverse, celui qui rencontre des Péssoukim (versets) au cours de son étude dans la Guémara aura le droit de les dire tels qu’ils sont avec le Nom de D. (9).

Cette permission reste valable même si les versets ne sont cités qu’en partie (10).

Tout ce qui a été dit jusqu’à présent est l’expression stricte de la Halakha telle qu’elle ressort d’après la quasi-totalité des décisionnaires.

Toutefois sur la base de cette loi, deux tendances opposées s’affrontent :

a) Le Minhag de ceux qui par « Ir-ate Chamaïm » (par crainte de D.) ne prononcent le Nom de D. que dans le cadre d’un « ‘Hiyouv » (d’une obligation). C'est-à-dire lors d’une bénédiction ou d’une prière instituée par nos sages ou par les grands des générations, mais pas dans des prières personnelles ou au cours de l’étude (11).

Ainsi on trouve de nombreux « Grands de la Tora » qui n’invoquent pas le Nom au cours de l’étude ou pendant leurs Drachote (exposés de Tora) (12).
De même on ne l’invoquera pas à travers des chants même si l’on rencontre des versets complets, car il pourrait arriver qu’on le prononce de façon désinvolte sans prendre conscience de l’honneur qui lui est dû ( ce qui devient une interdiction absolue selon la Halakha). (13)

L’usage est alors de dire « Hachèm » à la place du Nom « Havaya » ou du Nom « Adnoute » (Ado-naï) et de dire « Élokim» au lieu de « Élo-him», «Tsévakote» au lieu de « Tséva-ote» (14).

Par contre même d’après cet avis, il ne faudra en aucun cas dire « Adochèm » ou « Amonaï » car c’est une déformation de son Nom ce qui est un manque de respect évident (15).
Tel est en général le Minhag dans le monde Achkénaz.

b) À l’inverse, nombreux sont les « Grands » parmi les derniers décisionnaires qui n’ont pas craint d’invoquer le Nom au cours de Drachote ou au cours de leurs études, et ont écrit que c’est ainsi qu’il convenait de faire à priori (16).

Il faut préciser qu’il ne s’agit pas ici d’une permission de mentionner le Nom de D. au cours de son étude ou de chants de Chabbate (Zémirote) par exemple, mais bien d’une Mitsva. Ils considèrent en effet que ce n’est pas honorable ni même convenable de remplacer le Nom de D. par un surnom ou par une déformation du Nom (telle que Élokim).
Certains sont particulièrement pointilleux à ce sujet. (17).

Il est bien évident qu’il reste interdit de prononcer le Nom en dehors de l’étude, d’un chant, ou d’une prière particulière ; lors d’une simple discussion par exemple (18).
Ainsi dans le langage courant on dira « Baroukh Hachèm » (D. soit béni), «Itbarakh Chémo» (que son Nom soit loué) etc.


Les Achkénazim se conformeront à leur Minhag qui consiste à n’invoquer le Nom que dans les cas ou ils en ont l’obligation. C'est-à-dire lors des prières obligatoires ou des bénédictions dites à bon escient.
Dans tous les autres cas (études, chants etc.), ils emploieront les termes «Hachèm », «Élokim», «Chakaï» etc.

Les Séfaradim à l’inverse s’appliqueront à prononcer les Noms de D. tels qu’ils sont, chaque fois qu’ils expriment une louange ou un remerciement à D.
C’est le cas lorsque l’on rencontre un Passouk (verset) au cours de l’étude (même s’il n’est cité qu’en partie), ou qu’on le cite au fil d’une Dracha.
De même lorsque l’on adresse une prière particulière à D. ou que l’on entonne des chants pour le louer.

A noter que d’après tous les avis il est interdit d’épeler le Nom de D. en le décomposant lettre par lettre. Quand on a l’obligation de le faire on dira alors YOUD - KÉ – VAV – KÉ. C’est le cas lorsque l’on dit un « Léchèm I’houd » ou qu’on lit le « Pata’h Éliyahou ».

Kol Touv


1) Ora’h ‘Haïm chap. 215 par. 4
2) Voir à ce sujet le Sdé ‘Hémèd Klalim « Ma’arakha » 2 alinéa 215 et le ‘Hazone Ich chap. 137 alinéa 5
3) Michna Béroura chap. 215 alinéa 20 d’après la Guémara Témoura 4a selon laquelle celui qui enfreint l’interdiction d’invoquer le Nom de D. en vain transgresse le commandement de la Tora : « Tu craindras l’Eternel ton D ».
4) Guémara Nédarim 7b ; Tour chap. 156 et dans le Pricha alinéa 1
5) ‘Hayé Adam klal 5 par. 1, ou il est stipulé dans le commentaire Tosséfèt ‘Haïm qu’il n’y a aucun interdit à prononcer le Nom de D. dans le cadre d’une supplication, d’une prière ou d’une demande comme il est stipulé dans le Maguèn Avraham chap. 188 alinéa 11 ainsi que dans le Péri Mégadim chap. 188. C’est ce qui ressort également du Michna Béroura cap. 5 par. 3. Voir aussi Choul’hane ‘Aroukh Harav par. 3 et le livre Halikhote Chélomo au nom du Rav Chlomo Auerbach chap. 22 note 9.
6) Ora’h ‘Haïm chap. 215 par. 3
7) Voir Michna Béroura chap. 215 alinéa 14
8) Idem au nom du Maguèn Avraham, Eliyahou Rabba, Graz
9) Michna Béroura idem, au nom du Péri Mégadim et du Cha’aré Téchouva
10) Tel qu’il ressort des Chéélote Ya’abèts et du ‘Hayé Adam Klal 5 par. 2 ; Voir toutefois le Or Létsiyone tome 2 chap. 14 qui ne permet dans ce cas que lorsque la partie du verset rapportée dans le texte, est suffisamment développée pour avoir un sens en soi.
11) C’est le sens simple qui ressort du Michna Béroura alinéa 20 ; voir aussi le ‘Héssèd Laalafim du Pélé Yo’èts chap. 215 alinéa 9 selon lequel le fait de se garder d’invoquer le Nom quand ça n’est pas une obligation, entre dans le cadre de l’injonction de la Tora de craindre D.
12) ‘Aroukh Hachoul’hane chap. 215 par. 2 ; voir Or’hote Rabbénou tome page 240 qui rapporte que le Rav Ya’akov Kanievsky (le Steipler) ne prononce pas le Nom même dans un verset entier.
13) Kaf Ha’haïm chap. 215 alinéa 23 et 24 et Guémara Sanhédrine 120a.
14) Voir Michna Yoma, Pérèk 3 Michna 8.
15) Taz chap. 621 alinéa 2 ; Yossèf Omèts chap. 349
16) ‘Héssèd Laalafim alinéa 7 et du même auteur dans le Pélé Yo’éts section « Chém Chamaïm » ; Choute Choèl ouméchiv Kama tome 3 chap. 53 ; Choute Maharil Diskine kountrass1 chap. 104 ; Choute Yabia’ Omèr tome 3 chap. 14 ; Choute Yé’havé Da’ate tome 3 chap. 13 ; Choute Tsits Eli’ézèr tome 13 chap. 1 ; Choute Or Létsiyone tome 2 chap. 14 ; Da’ate Tora au nom du Chla Hakadoch.
17) Voir le Choute Chéélote Ya’abèts chap. 81 au nom de son père le ‘Hakham Tsvi et le Rav Chalom Méssas dans son livre Tévouote Chémèch Yoré Dé’a chap. 73 et 74.
18) Le Rav Chalom Méssas va même jusqu’à permettre de le mentionner dés lors que cela se justifie un peu comme on le voit dans la Guémara Bérakhote 54 qui permet d’utiliser le Nom pour saluer on prochain
 
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