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    Vendredi 29 Mars 2024, Yom Chichi

346. Etudier pendant la « Téfila »
Posté par jojo le 20/01/2007 à 19:29:56
Je prie dans un Minyane qui chante beaucoup entre "Hachèm Mélekh" et la ‘Amida. Ais je le droit d'avancer à mon rythme et étudier en les attendant ou doit on marquer un arrêt à I"chtaba’h", ou au Chéma'.
Merci

Réponse donnée par Rav Meir Cahn le 12/02/2007 à 20:24:37
Il est nécessaire avant tout de préciser quelques principes généraux concernant la « Téfila » (prière).

Les « Péssouké dézimra » (suite de Téhilim, que l’on récite dans la prière du matin, avant d’aborder le Chéma’ et ses bénédictions), commencent avec « Baroukh Chéamar » et se terminent avec « Ichtaba’h ». Ces deux Bérakhote sont destinées à introduire puis clôturer les « Péssouké Dézimra » (c’est la raison pour laquelle « Ichtaba’h » ne commence pas par Baroukh) (1).

Il sera interdit de s’interrompre depuis « Baroukh Chéamar » jusqu’à la fin de la « ‘Amida » (2).

L’interdit de s’interrompre entre « Baroukh Chéamar » et « Ichtaba’h » provient du fait que l’ensemble des « Péssouké dézimra » est considéré comme une unité. Ainsi, il est interdit de s’interrompre pendant leur lecture, même pour permettre l’accomplissement d’une Mitsva (2).

Entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr » (première bénédiction qui précède le « Chéma’ »), on ne devra pas non plus s’interrompre, et toute interruption sera considérée comme une « ‘Avéra » (transgression) (3).
Le Ba’h ajoute que « Lékhaté’hila » (à priori), on ne devra pas interrompre sa prière même sans parler, car il y a lieu d’enchaîner le « Yotsèr » aux « Péssouké dézimra ».
Notons toutefois que le Choul’hane ‘Aroukh ramène une opinion qui autorise (4) l’interruption après « Ichtaba’h » pour une Mitsva ou pour des raisons d’intérêt public (comme par exemple la Tsédaka) (5).

Celui qui aurait commencé les « Péssouké Dézimra » sans Talite ou Téfilline pour une raison quelconque et on les lui aurait procuré juste avant « Ichtaba’h », devra attendre de finir « Ichtaba’h » pour les mettre (6).

Si le Tsibour arrive à la fin des Péssouké Dézimra et il n’y a toujours pas de Minyane, l’officiant s’arrêtera avant « Ichtaba’h » (7) et devra attendre silencieusement pour pouvoir enchaîner avec le Kaddich, une fois le Minyane complété. Quant au particulier il s’arrêtera après « Ichtaba’h » (8).

Le Rambam écrit que le « Yotsèr » et sa « Kédoucha » (Les trois « Kaddoch » qui suivent) sont une partie intégrante de la ‘Amida. De ce fait, ils devront être lus avec le Tsibour (9).

« Lékhaté’hila » (à priori), on ne s’arrêtera sous aucun prétexte pendant les Brakhote du Kériate Chéma’ (10).

De même il sera interdit de s’interrompre entre les Bérakhote de « Kériate Chéma’ » et la ‘Amida car il faut juxtaposer « Gaal Israël » à la ‘Amida (11).

Quant à l’étude entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr » (Yotsèr Or Ouboré ‘Hochèkh), le Rambam dans ses Hilkhote Téfila, mentionne qu’il y a des communautés où l’on a coutume de dire la « Chirate Hayam » après « Ichtaba’h ». D’autres lisent même la « Chirate Haazinou ».
Nous pouvons en déduire de la même manière que l’étude à cet endroit ne serait pas considérée comme une interruption.

Le Séfèr Hamanhig (Hilkhote Téfila chapitre 25) affirme que pour ne pas risquer de repousser une Mitsva ayant trait au Tsibour, il sera donc permis de s’en acquitter entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr ».
La source mentionnée est le Talmud Yérouchalmi (traité Bérakhote chap. 5 Halakha 1) au nom de Rabbi Irmya qui affirme que toute personne qui se consacre à une Mitsva d’intérêt public sera comparable à celui qui étudie la Tora.
Il y a donc lieu de retenir que l’étude de la Tora sera autorisée entre « Ichtaba’h » et « Yotsèr » au même titre qu’une Mitsva d’intérêt public.

Le Téroumate Hadéchèn, dans son responsa chapitre 3, affirme que l’on peut s’interrompre au milieu d’un chapitre des « Péssouké Dézimra » pour dire le Passouk : « Chéma’ Israël, Hachèm Elokénou, Hachèm É’had » avec le Tsibour. Et même si l’on ne retient pas son avis, tout au moins on pourra s’en inspirer pour autoriser la lecture du premier Passouk du Chéma’ et « Baroukh Chèm Kévod Malkhouto Lé’olam Va’èd » entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr ».
Il serait éventuellement de même pour une étude de la Tora à ce moment là.

Par ailleurs le Maguèn Avraham (12) rapporte une divergence d’opinion concernant la lecture du « Mizmor Mima’amakim » que l’on a l’habitude de dire pendant les dix jours de pénitence (entre Roch Hachana et Yom Kippour) entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr ». D’autre part il affirme clairement que l’on pourra parler entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr » du moment que l’on ne risque pas de se distraire (13).

Néanmoins même si l’on prend en considération l’avis qui interdit toute « interruption » entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr », on pourrait toutefois permettre d’étudier des Divré Tora sans prononcer.
Le Rama affirme qu’il est permis d’étudier sans prononcer, pendant les Bérakhote de « Kériate Chéma’ ». Car la pensée seule n’est pas assimilée à la parole, et n’est donc pas considérée comme une interruption (14).
Le Péri ‘Hadach, le Lévouch ainsi que le Birké Yossèf (15) s’accordent à valider cette permission du Rama. Et il n’y aura donc pas de raison d’être stricte du point de vue de la Halakha concernant l’étude entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr ».


Celui qui souhaiterait étudier en attendant le Tsibour, le fera entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr ». Toutefois il y aura lieu de veiller à ne pas prononcer les mots.
Bien que fondé, au niveau de la Halakha stricte, la permission de s’adonner à l’étude entre « Ichtaba’h » et le « Yotsèr » a le désavantage d’entraver à la continuité de la prière. C’est la raison pour laquelle, une personne ayant l’habitude d’être en avance sur le Tsibour évitera d’avoir recours à cette dérogation.
Ainsi, la solution idéale consisterait à étudier avant « Baroukh Chéamar » puis commencer les Péssouké Dézimra de manière à rattraper le Tsibour avant « Ichtaba’h » (16).

Kol touv


1) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 51 par. 1. Le Choul’hane ‘Aroukh précise aussi dans le par. 8 qu’on devra prendre soin de bien prononcer les Péssouké Dézimra.
2) Choul’hane ‘Aroukh chap. 51 par. 4. et le Rama sur place. Voir aussi Michna Béroura chap. 51 alinéa 9. Voir aussi le Kaf Ha’haïm chap. 51 alinéa 16 qui ramène le Kéchèr Godal et le Sidour Bèt ‘Ovèd note 2 qui affirment que même s’arrêter sans parler sera interdit
3) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 54 par. 3. Voir aussi le Tour chap. 51 par. 4 ; Rav ‘Amram Gaone Hachalèm page 89b et 92b ; Sidour Rachi chap. 8 ; Ma’hzor Vitri page 6 et 7 ; Or’hote ‘Haïm Halakhote « Méa Bérakhote » chap. 22 ; Ravia tome 1 chap. 32 et fin de chap. 168 au nom des Guéonim.
4) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 54 par. 3. Notons que dans son Darké Moché chap. 54 alinéa 1 le Rama précise qu’il vaut mieux ne pas s’interrompre du tout et c’est pour cette raison là le Kaf Ha’haïm chap. 54 alinéa 11, reste très stricte concernant toute interruption même après « Ichtaba’h ». Ajoutons que le Kaf Ha’haïm cité ci-dessus tend à comprendre le Choul’hane ‘Aroukh comme interdisant toute interruption même pour des besoins d’intérêt public tels que la Tsédaka.
5) Idem. Dans ce cas là il faudra reprendre quelques Péssoukim avant le Kaddich car on ne dit pas Kaddich sans quelques Péssoukim avant
6) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 53 par. 3; Michna Béroura alinéa 5
7) Comme il vaut mieux laisser quelques Péssoukim pour ne pas couper « Ichtaba’h » des Péssouké Dézimra, l’officiant s’arrêtera à « Véhaya Hachèm Lémélèkh » comme le précise le Halakha Béroura chap. 53 par. 6 au nom du Yéfé Lèv alinéa 5. Le temps d’attente de l’officiant ne dépassera pas une demi heure. Voir là-dessus le Maguèn Avraham alinéa 4 rapportant le Maharil lequel estimait à une demi heure la durée des Péssouké Dézimra !
8) Rama Ora’h ‘Haïm chap. 53 par. 3 ; Maguèn Avraham alinéa 4 ; Michna Béroura alinéa 9 ; Sidour Bèt ‘Ovèd ; Kaf Ha’haïm Ora’h ‘Haïm chap. 53 alinéa 10 et 11
9) Rambam Hilkhote Téfila chap. 9 Halakha 1. A noter que le particulier qui prie chez lui à la maison devra dire la Kéddoucha du “Yotsèr” en chantant les « Té’amim » pour tenir compte de l’avis rapporté dans le Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 59 par. 3 qui affirme que le particulier doit omettre ce passage lorsqu’il prie seul
10) Michna Béroura Ora’h ‘Haïm chap. 65 alinéa 4
11) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 111 par. 1. Voir aussi le Tour Ora’h ‘Haïm chap. 111 par. 1. A noter que si le particulier n’a pas encore dit le Kériate Chéma’ et que le Tsibour est sur le point de commencer la ‘Amida, il ne devra pas sauter le Kériate Chéma’ pour commencer la ‘Amida avec le Tsibour. Car il est plus important de juxtaposer « Gaal Israèl » à la ‘Amida
12) Ora’h ‘Haïm chap. 54 alinéa 2 et chap. 56 alinéa 7. A noter que pour trancher la Halakha on ne retient pas cet avis.
13) Ora’h ‘Haïm chap. 131 alinéa 1
14) Ora’h ‘Haïm chap. 68 par. 1. Il n’y a pas lieu de craindre que celui qui étudie s’oublie et se mette à articuler.
15) Ora’h ‘Haïm chap. 84. Voir aussi Halakha Béroura chap. 54 alinéa 6
16) Pour plus de détail, voir aussi le Yabia’ Omèr tome 2 Ora’h ‘Haïm chap. 4. Le Tour Ora’h ‘Haïm chap. 51 par. 1 rapporte la Guémara dans Bérakhote : « L’homme devra avant tout réciter les louanges de D’ pour ensuite présenter ses propres requêtes ». Et c’est pour cette raison même que nous avons l’habitude de lire les Péssouké Dézimra qui sont chargés de nous introduire dans la Téfila, car c’est à travers eux que nous exprimons le respect vis-à-vis de D’ (c’est pour cette raison là que Rav Nétrounaï Gaone rapporté dans le Tour Ora’h ‘Haïm chap. 52 par. 1, affirme que celui qui a sauté les Péssouké Dézimra pour rattraper le Tsibour ne pourra plus les compléter après la Téfila, car ce ne sera pas respectueux envers D’ de lui présenter ses requêtes pour ensuite s’étaler en louanges. Il faut toutefois préciser que l’on ne retient cet avis pour trancher la Halakha, et il sera permis de rattraper les Péssouké Dézimra après la Téfila.
 
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