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    Jeudi 28 Mars 2024, Yom 'Hamichi

151. Prier pour abréger les souffrances d’un malade
Posté par jojo le 11/06/2006 à 23:30:57
Quand une personne est fatiguée de la vie par la viellesse ou par les épreuves peut-elle demander à D' de la lui abréger dans la tefila, ou en s'adressant tout simplement à Hachèm?
Chavoua' tov

Réponse donnée par Rav Aharon Bieler le 18/06/2006 à 20:40:07
Avant de répondre à cette question, il est nécessaire de faire une introduction de la plus haute importance.
Il est formellement et absolument interdit de faire un acte, quel qu’il soit, dont la conséquence serait d’écourter la vie d’un être vivant même d’une seconde.
Cette interdiction ne souffre d’aucune exception et s’applique même dans les cas ou une personne se trouverait atteinte (à D. ne plaise) d’une maladie grave et incurable. Même si elle souffre énormément (physiquement et moralement) de son état, même si elle est très âgé et même si son espérance de vie est très minime et les chances de guérison inexistantes (d’après les diagnostics des médecins).

Dans tous les cas l’euthanasie est strictement interdite.
A cet effet, nous rapportons ici les paroles du Tsits Eli’ézèr qui résument l’opinion unanime de tous les décisionnaires. (1)
« Il n’existe aucune permission pour les médecins de s’engager dans la voie d’un traitement euthanasique quel que soit la gravité de l’état et des souffrances du malade. Même s’ils ont diagnostiqué son état comme étant incurable et sans espoir d’amélioration.
S’ils ont accompli cet acte, même si c’est le fruit d’un élan de compassion et d’un désir d’abréger les souffrances, ils seront considérés comme des assassins à part entière.
Il faut noter que le fait que le malade ai lui-même donné la permission, ne leur accorde pas pour autant le droit de passer à l’acte ».

Dans la même optique, l’acte suicidaire lui-même est interdit, comme il est rapporté, entre autre, dans le Choute ‘Hatam Sofèr. (2)

Il est bon de rappeler ici la valeur fondamentale de la vie dans le judaïsme comme il est mentionné dans la Tora elle-même dans le verset : « Va’haï Bahèm » (tu vivras par elles- les Mitsvote).

Nos sages (3) ont déduit de ce verset que l’on a l’obligation de transgresser le Chabbat pour sauver une vie humaine même s’il n’y a qu’une présomption de danger de mort (4) et même si son espérance de vie est très courte. (5)

Il est rapporté dans le Tsits Eli’ézèr, qu’il est de notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver la vie d’un mourrant même pour un court laps de temps, tant est précieux cet instant de cette vie. Car un instant suffit dans ce monde ci pour acquérir le « ‘Olam Haba » (monde futur) avec une simple pensée de repentance. (6)

En ce qui concerne votre question, la source de cette Halakha se trouve dans la Guémara de Nédarim ou il est ramené au nom de Rav Dimi : « celui qui ne rend pas visite à un malade n’aura pas à implorer la miséricorde divine pour qu’il vive ou pour qu’il meure » (car sa prière ne sera efficace que s’il rend visite au malade). (7)
Le Rane sur place, en déduit que parfois il est nécessaire d’implorer la miséricorde de D. pour le malade afin d’écourter sa vie. Ceci dans le cas ou il souffre énormément et qu’il n’a aucune espérance de vie.
Le Rane rapporte à ce propos, ce qui est relaté dans la Guémara (8) au sujet de Rabbi Yéhouda Hanassi et de sa servante. Celle-ci qui avait commencé à prier pour sa guérison. Devant l’état de ses souffrances, elle a fini par invoquer la miséricorde divine pour qu’il cesse de vivre et elle a été exaucée.
L’avis du Rane a servi de base à de nombreux décisionnaires pour trancher la Halakha dans ce sens. C'est-à-dire qu’il serait permis de prier pour le départ d'un être qui vit dans les souffrances et sans espoir de rémission ni de guérison. (9)

Le Pa’had Its’hak ramène à cet effet un rituel de prière en ces termes : « De grâce mon D., par la puissance de ton immense miséricorde et par ton infinie bonté, que se soit ta volonté de délivrer l’âme de un tel de son carcan et de le soustraire à ses souffrances ; que son âme retourne vers son créateur ».

Il faut préciser que d’après le Rav Moché Feinstein, il n’est permis de prier pour le départ d’un malade vers un monde meilleur, que lorsqu’il n’existe plus de traitement efficace pour sa survie et que les prières pour sa guérison se sont avérées vaines.

D’autre part, le ‘Hakiké Lev ramené par le Tsits Eli’ézèr ne permettra qu’à des étrangers de prier dans ce sens. Mais il interdit de le faire pour les proches de la famille, tel que le mari, dont la prière pourrait être motivée également par des intérêts personnels.

Notons tout de même l’avis du Tsits Eli’ézèr qui tend à interdire cette prière, du fait que cette "halakha" n’a été mentionnée ni dans le Tour, ni dans le Choul’hane ‘Aroukh et ses commentateurs.

De même qu'il est possible de prier pour que D. abrége la vie d’une personne qui souffre, un malade pourra prier pour lui-même (Tiférèt Ya’acov).
On voit à ce sujet plusieurs exemples dans le livre des prophètes. C’est le cas du prophète Eliyahou (10) et du prophète Yona, ainsi que ‘Honi Hama’gal (11).

Bien qu’il soit permis de prier pour une personne qui se trouve dans une telle situation, il convient (si le malade possède la crainte de D. et a gardé toute sa raison) de lui expliquer ce qu’ont déclaré nos Sages : « un instant qui permet la Téchouva dans ce monde-ci, est plus précieux que la vie dans le monde futur ». (12)

Que D. dans sa bonté, nous protége de tout mal et que se réalisent pour nous les paroles du verset : « je ferai disparaître de toi toute maladie » et qu’il nous donne le mérite de le servir dans la joie et la générosité tous les jours de notre vie » (13).


1) Tsits Eli’ézèr tome 5 section Ramate Ra’hèl chap. 29 par.2
2) Yoré Dé’a chap.326 alinéa 3
3) Guémara Yoma 84
4) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h Haïm chap.329 par.1, 2, 3
5) Idem chap.329 par.4
6) Le Ma’avar Yabok partie Sifté Da’ate chap. 26
7) Guémara Nédarim 39b
8) Kétouvote 104a
9) Ché’arim métsouyanim chap.194 alinéa 2 : Iguérote Moché tome 7, ‘Hochèn Michpate 2 chap.74 alinéa 4 ; Rav ‘Haïm Paladji ramené par le Tsits Eli’ézèr dans son Ramate Ra’hèl ; Min’hate Chélomo 191-24
10) Mélakhim 1
11) Ta’anite 23a
12) Guémara Sota 20a
13) Min’hate Chélomo 84
 
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