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    Mardi 19 Mars 2024, Yom Chelichi

138. Deux jours de fête en Israël ?
Posté par levy o le 29/05/2006 à 21:29:44
Mon fils qui est à la Yéchiva en Israël doit-il faire 2 jours lors des fêtes passées en Israël, alors que nous vivons en France ? Il est rentré en France pour Soukkote et Péssa'h dernier.

Réponse donnée par Rav Meir Cahn le 27/09/2006 à 19:56:42
Le ‘Hakham Tsvi (1) soutient à ce sujet une opinion assez étonnante : une personne résidant en dehors d’Erèts-Israël, et qui se trouve être de passage en terre sainte pour une fête, ne devra en respecter qu’un seul jour ! En effet, estime-t-il, les lois relatives aux Yom Tov Chéni, les seconds jours de fêtes, ne dépendent nullement de la personne qui doit les célébrer, ou de son lieu de résidence habituel, mais uniquement du lieu où elle se trouvera au moment de la fête ; si donc elle s’est rendue en Erèts-Israël, et s’y trouve au moment d’une fête, elle ne sera tenue d’en observer qu’un seul jour.

Cette position n’a pas été retenue par la Halakha (2). La majorité des décisionnaires estiment que le devoir de respecter le Yom Tov Chéni ne sera déterminé que par le lieu de résidence de l’intéressé. Par conséquent, tout habitant de « l’étranger » qui serait de passage en Erèts-Israël, sans avoir l’intention de s’y fixer, sera dans l’obligation de respecter le second jour de fête dans ses moindres détails. Et telle est la coutume admise à ce jour (3).

Ainsi, ces lois sont intrinsèquement liées aux intentions et aux projets de la personne concernée. S’il compte établir résidence en Erèts-Iraël, il ne devra observer qu’un seul jour de fête, même s’il n’y est arrivé que la veille de la fête (4). Inversement, si une personne venait à résider en Erets-Israël, mais avec la décision formelle de ne pas s’y installer définitivement, le fait d’y demeurer plusieurs années n’est pas suffisant, à lui seul, pour lui donner le statut d’un habitant de la terre sainte (5).

Notons toutefois que les détails de ces lois sont nombreux et complexes. Il est donc préférable de se référer pour chaque circonstance à une autorité rabbinique compétente.

Pour en venir à la question des jeunes gens (Ba’hourim) étudiant dans des Yéchivote en Erets-Israël, il faut distinguer différents cas de figure :

A. Un jeune homme, économiquement dépendant de ses parents, est généralement soumis à leurs directives et à leurs décisions. Par conséquent, si ces derniers lui imposent le retour, après une certaine période, il devra observer deux jours de fête, comme toute personne résidant à ‘l’étranger’ (6).
Selon la majorité des décisionnaires, l’âge du jeune homme n’est pas forcément déterminant à ce propos, et chaque cas devra être considéré individuellement. En effet, certains garçons restent toujours liés aux décisions de leurs parents, même à un âge avancé.

B. Dans le cas où les parents sont prêts à accepter la décision de leur fils, et s’accordent à le laisser s’établir en Erets-Israël s’il pourra y trouver un moyen de subsistance, les conclusions des décisionnaires sont partagées :
- Selon nombre d’avis Achkénaz, l’observance des deux jours de fête s’impose malgré tout, jusqu’à ce qu’une décision définitive soit prise.
- Le Rav Yossef Chalom Elyachiv Chlita (7) considère que l’on ne doit respecter le second jour de fête que pour la ‘’Houmra’, en d’autres termes, il faudra d’une part mettre les Téfilines, mais d’autre part, respecter le Yom Tov (le jour de fête) et s’abstenir de tout travail interdit. Cette décision vient palier au risque de ‘Bal Tossif’, l’interdit de majorer une Mitsva, ou d’en faire plus que demandé par la Tora. Bal Tossif pourrait donc être enfreint, car le fait d’observer deux jours de fête alors que la Torah n’en imposerait qu’un, serait ajouter un jour consacré comme Yom Tov, et considéré comme superflu.
- Les décisionnaires Séfarad (8) estiment quant à eux, qu’étant donné que bon nombre de décisionnaires Séfarad des siècles passés ont retenu la position du ‘Hakham Tsvi ci-dessus mentionnée, il nous faut la prendre en considération, tout au moins en cas de doute. Or, tout Ba’hour étudiant en Erets-Israël est à considérer comme un cas de doute, dans la mesure où, selon le ‘Hida (9), la simple éventualité qu’il choisisse pour épouse une jeune fille israélienne, qui souhaitera ne pas quitter le pays, détermine cette situation comme étant incertaine, même si à ce jour, il ne désire pas établir sa résidence en Erets-Israël. Par conséquent, tant que l’étudiant de Yéchiva se trouve en Erets-Israël, il ne doit observer qu’un seul jour. Toutefois, lorsqu’il retournera auprès de ses parents à ‘l’étranger’, il devra bien évidemment respecter deux jours de fête. Cette décision est également valable pour un jeune homme réellement indépendant (comme par exemple dans le cas où il déciderait de se marier avec une jeune fille qui souhaite résider en Erets-Israël alors que ses parents s’y opposent).

Précisons une fois de plus que ceci ne s’applique pas au cas où le jeune homme dépend des décisions prises par ses parents, et que ces derniers refusent de le voir s’établir en Erets-Israël.

En conclusion, dans le cas soulevé par votre question, un jeune Ba’hour, qui est encore loin d’avoir pris les décisions qui fixeront son avenir, ne sait généralement pas quels seront les éléments qui détermineront le choix de son pays de résidence. Par conséquent, son statut dépendra de la position des parents à ce sujet :
a) S’ils imposent fermement son retour après quelques années de Yéchiva, il lui faudra selon toutes les opinions observer deux jours de fête, que ce soit lors de ses séjours en France ou en Erets-Israël
b) Si en revanche, ils concèderont à sa volonté, il devra, même avant d’avoir pris une décision :
- Selon les décisionnaires Séfarad, observer un seul jour de fête lors de ses séjours en Erets-Israël, et deux jours de fêtes lors de ses passages en France.
- Selon la majorité des décisionnaires Achkénaz, observer en tout état de cause deux jours de fête, qu’il se trouve en France ou en Erets-Israël.
- Selon Rav Elyachiv, il lui faudra toutefois mettre les Téfilines.

‘Hag Saméa’h

1) 167
2) Chaarei Techouva ad. loc. ainsi que Michna Béroura chap. 496 par. 13 ; notons toutefois que selon certains décisionnaires, cet avis serait également celui du Choul’hane ‘Aroukh
3) Iguerote Moché Ora’h ‘Haïm tome IV, chap. 101, Min’hat Its’hak tome IV chap. 1-4, et suivant l’indication du ‘Hazone Ich
4) Bétsèl Ha’hokhma tome I chap. 60 et, apparemment, tel est également l’opinion du Choul’hane ‘Aroukh
5) Maguèn Avraham chap. 468 par. 12
6) Iguerote Moché Ora’h ‘Haïm tome II chap. 101, Min’hate Its’hak tome IV chap. 4 alinéa 49. Il est également rapporté dans le livre « Yom Tov Chéni Kéhilkhato », page 198 note 3 au nom de Rav Chlomo Zalmane Auerbach Zatsal que même lorsque des jeunes gens prétendent être arrivés à une décision catégorique de rester en Erets-Israël, il reste souvent difficile de garantir incontestablement cette décision. Bien souvent, il s’avère que c’est la position des parents qui l’emporte…
7) voir le Yom Tov Chéni Kéhilkhato page 168
8) Rav Ben Tsion Aba Chaoul, rapporté dans le Yom Tov Chéni Kéhilkhato page 206, Yabia’ Omer tome VI chap. 40
9) ‘Haïm Chaal 55
 
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